Ben Edelman publie, une fois de plus, une savoureuse analyse de fraude à la réclame. Un scénario qui, cette fois, plonge directement ses racines dans le portefeuille des marchands en ligne qui ont fait confiance à la publicité Google.
Le coup des « automates à cliquer » qui font grimper en flèche les « hits » des publicités, çà eut payé. Mais çà paye plus. Car lorsque le taux de lecture perçu est disproportionné par rapport aux ventes sensées être générées par la publicité, l’on se doute bien qu’il y a fraude. Du coup, ne sont facturées au NetBoutiquier que les hits qui lui ont spécifiquement rapporté un véritable client.
Mais voilà, nous apprend Ben Edelman, que des spécialistes de l’escroquerie publicitaire ont trouvé une parade : il faut d’abord mettre en œuvre une longue chaine d’intermédiaires destinés à masquer l’origine de l’attaque. En bout de chaine, il suffit que la « publicité incitatrice » soit proposée à l’internaute au moment même où celui-ci pénètre sur le site marchand. En d’autres termes, c’est lorsqu’un acheteur décide d’acheter un bien dans telle ou telle vitrine située sur la toile, qu’une page Web incitatrice bondit sur le navigateur du chaland qui passe *. Comme ladite page semble provenir du site que l’acheteur en puissance est en train de visiter, cela n’attire aucune suspicion. Et puisque cette publicité a bel et bien été lue par un internaute, et que ce dernier a réellement acheté un bien, il est donc légitime que le marchand abandonne quelques menues monnaies au passage en rétribution du service rendu. Ce qui pourrait froisser le marchand, c’est que la publicité en question n’a à aucun moment joué dans la décision d’achat du client, et que publicité ou pas, la vente aurait été conclue.
Voilà pour la version courte, celle qui explique comment un cybermarchand est contraint de payer une publicité Google pour chaque client entrant dans son propre magasin. Mais la version longue donne plus de détails, et explique par quel miracle (et quelle infection de spyware) ledit internaute client en arrive à déclencher une chaine de 10 redirections successives et aussi transparentes les unes que les autres. Le tout sans voir ou cliquer sur la moindre publicité. La solution, explique Edelman, serait que Google cesse toute relation avec InfoSpace, la cheville ouvrière de tout ce montage, et que l’argent indument détourné soit reversé aux cybermarchands. Un remboursement qui sera probablement plus difficile à obtenir de la part de Google qu’un sursaut de conscience face à une censure asiatique.
NdlC Note de la Correctrice *« Au fil de l’eau point deee selments, Ceeeeeee n’est que sul telleu qu’on ment ! » chantait Lys Gauty en roulant les « R ».