Fait-divers avec cette étude de M@rsouin.org (souvent citée mais rarement référencée par nos confrères… ), qui nous « révèle » sans surprise la quasi absence de réaction des internautes téléchargeurs face aux conséquences de la loi Hadopi. « A peine 15% des internautes qui utilisaient les réseaux Peer-to-Peer avant l’adoption de la loi Hadopi ont définitivement cessé de le faire depuis »… mais les deux-tiers de ces personnes prudentes se sont retournées vers des services plus discrets, utilisant des serveurs situés à l’étranger et ne reposant pas sur un échange P2P pour ce qui concerne le lien vers le poste client. Ceci sans mentionner le succès croissant des sites de streaming dont sont friands nos Ados, sites souvent directement financés par les sociétés de production américaines par de gros contrats publicitaires du monde de l’automobile, de la grande distribution, de la téléphonie … Certes, comme tentent de l’expliquer certains réalisateurs-experts-en-informatique-et-en-répression, il y a effectivement téléchargement illégal de l’œuvre même en cas de visionnage de streaming puisque la séquence vidéo est au moins partiellement bufferisée sur l’ordinateur du dangereux pirate. Reste que de plus en plus de ces liens de streaming passent par des tuyaux VPN. VPN donc d’un côté, clients déportés et ftp chiffrés de l’autre, il ne reste plus qu’à rendre hors la loi ces moyens de communication afin de pourfendre ces teenagers vampires qui saignent à blanc une industrie qui annonce pourtant des bénéfices record. Les vertus de la saignée ? Quelque soit la décision que prendra le législateur à cet effet, il ne sera pas sans conséquence pour les entreprises et les professionnels des télécoms qui, eux, doivent tout de même utiliser VPN et protocoles de transfert chiffrés.
Hasard de l’actualité, c’est la semaine dernière que le CSA imposait à TF1 la lecture d’un communiqué informant les téléspectateurs du manque de rigueur de la chaîne dans le traitement de l’information relative au vote de cette loi. Numérama s’en fait l’écho. Le mélange TF1-Hadopi, nous rappellent les archives de nos confrères PC-Inpact, s’est toujours révélé relativement détonnant.
Restons dans le domaine du fait-divers en rappelant que Madame Christine Albanel, ex Ministre de la Culture et principale défenderesse de la loi Hadopi et des Firewall dans les suites bureautiques sous Linux, devrait entrer à la Direction de la Communication de France Télécom, principal Fournisseur d’Accès Internet de France. Elle devrait contribuer, rapporte un organe officiel de l’opérateur à la réflexion de « notre stratégie dans les contenus ». L’on se demande si Madame Albanel aura autant de pugnacité lors de l’exercice de son nouveau poste qu’elle en avait devant les Députés lors des votes successifs d’Hadopi, et si elle parviendra enfin à faire filtrer les protocoles P2P sur l’ensemble du réseau Orange pour bouter ces insupportables pirates hors des réseaux Français. Le FAI Free, par exemple, applique cette politique envers ses clients « non-dégroupés » depuis des années, ce qui prouve que la chose est techniquement possible sur l’ensemble d’un réseau d’opérateur. A moins que… à moins que le courage politique s’arrête là où les projections financières commencent. Car sans téléchargement, il n’est pas certain que Wanadoo, ou n’importe quel autre opérateur, puisse conserver une position dominante sur le marché de l’abonnement ADSL. Il y a des limites à tout, même à la défense des « industriels de la culture ».