Encore du « scandale à la Une »dans le landernau du Web 2.0. Et toujours à propos du droit régalien qu’exerce un prestataire de services sur le contenu qu’il diffuse, avec le dernier Buzz concernant Apple. Un Apple qui bannit de l’AppStore tout ce qui peut exposer un centimètre de peau dans une application téléchargeable. Pas de bikini, pas de tenue près du corps (y compris un collant de patineuse), pas de peau, pas de silhouette suggestive. Cachez ce sein que je ne saurais voir, disait Apple en imitant (à la perfection) Tartuffe. Du côté de Cupertino, cette réplique même serait censurée compte tenu de la crudité de son contenu. Des restrictions telles que le développeur-blogueur à l’origine de la diffusion de l’information a demandé à son correspondant-censeur si le port de la burka était politiquement correct dans la base iconographique de l’AppStore. Ce qui ne semble pas avoir fait plaisir à l’interlocuteur distant, défenseur des valeurs morales et religieuses. Mais le développeur en question a bataillé, jusqu’à obtenir gain de cause, clamant, tel Polyeucte,
« Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle
Et le désir s’accroît quand l’effet se recule »
Zut, encore un passage qui sera banni de l’application Iphone CNIS-Mag. Un dernier pour renvoyer la censure ? il est du dangereux Pierre Corneille, dans Horace, (II,3)
S’attacher au combat contre un autre soi-même
Attaquer au parti qui prend pour défenseur
Le frère d’une femme et l’amant d’une sœur,
Et, rompant tous ces nœuds, s’armer pour la patrie,
Contre un sang qu’on voudrait racheter de sa vie,
Une telle vertu n’appartenait qu’à nous
L’éclat de son grand nom lui fait peu de jaloux
Cette citation est en rapport direct avec les principes de la cryptanalyse, puisque le message caché s’inscrit en acrostiche. Aujourd’hui, ce Sale Cul passerait-il les fourches caudines de la censure AppStore ? Cela est peu probable et montre également à quel point il peut être dangereux de confier à une entreprise commerciale le pouvoir de contrôler un contenu médiatique, pour qui le mot est confondu avec la chose.
Chiens écrasés toujours, avec cette véritable campagne de presse qui révèle le passé sulfureux et les pratiques douteuses de Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook. L’article de la RTBF n’en est qu’un parmi tant d’autres, où l’indignation le dispute avec les secrets d’alcôve (les secrets de cubicle devrait-on dire). Tout a commencé avec un article très fouillé de Business Insider, qui nous apprend comment Zuckerberg aurait floué ses anciens collaborateurs pour mieux lancer Facebook, et comment il a su espionner (pirater précisent certains confrères) les correspondances d’universitaires dans un but purement lucratif. Derrière chaque homme de pouvoir se cache une impressionnante série de cadavres et de mains écrasées. Par le plus grand des hasards, cette révélation survient la semaine même où est lancé le service de géolocalisation à la sauce Web 2.0 de Facebook, nous apprend le New York Times. Outre les affaires de détournement de compte, l’entreprise avait déjà essuyé les critiques de la presse et des internautes lorsque son système de publicité Beacon s’est révélé terriblement indiscret envers les usagers des services associés de Facebook. Pis encore, la collecte des informations privées à la base de ces indiscrétions était permanente, y compris en cas de refus (opt-out) de l’utilisateur. Cette fois, nous promet l’équipe de Zuckerberg, la diffusion de la position de l’internaute sera soumise à son approbation avant d’être divulguée. Reste que, précisent nos confrères du NYT, « When you share your location with others or add a location to something you post, we treat that like any other content you post ». Une clause dont la latitude d’interprétation risque de causer quelques migraines aux avocats de la défense des libertés individuelles.