Par souci sécuritaire, le Sénateur UMP Jean-Louis Masson propose une modification de l’article 6 de la LCEN contraignant les blogueurs « non professionnels et professionnels » de divulguer leurs nom, prénom, adresse e-mail, adresse de domicile et numéro de téléphone. Ceci dans le but de lutter contre toute possibilité de diffamation. Rappelons que ce même Jean-Louis Masson était, dès 2007, déjà parti en croisade contre l’anonymat des rédacteurs de Wikipedia, strictement pour les mêmes motifs.
Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres et déchaîner une avalanche de billets, tant dans la presse conventionnelle que sur les blogs d’amateurs. Le Nouvel Obs, MédiaPart, Numérama, 20 Minutes, PC Inpact, Korben… Les plumes s’enflamment rapidement.
Est-il utile de préciser que ce texte n’a quasiment aucune « chance » de passer ? Il ne fait qu’empirer le climat délétère qui règne sur la Toile Française depuis le passage d’Hadopi, la finalisation de la Loppsi 2 et le spectre d’Acta, et son adoption risquerait de réveiller l’ensemble des médias grand public qui généralement ne prêtent que peu d’attention à la « liberté de la presse non professionnelle ».
Cette loi ne passera pas car, en premier lieu, elle assimile un blogueur à un Directeur de Publication. Détail qui risque de ne pas être du goût des « véritables » directeurs de publication, puisque cela offrirait du même coup les prérogatives de directeur de publication à n’importe quel blogueur quelque soit son âge. A commencer par un détail d’importance si l’on pousse le raisonnement à l’extrême : cela offrirait auxdits blogueurs un statut d’organe de presse, avec son cortège d’avantages fiscaux et légaux associés.
Que l’on exige la divulgation des identités des blogueurs, et l’on entre immédiatement en conflit avec les textes visant à préserver la protection et l’anonymat des mineurs. Car la grande majorité des blogueurs est constituée de préadolescents. L’on ne peut invoquer en permanence la protection de l’enfance dans le but de justifier une surveillance croissante d’Internet et une chasse de tous les « violeurs, prédateurs sexuels et poseurs de bombes », puis exiger d’un autre côté une loi en totale contradiction avec la précédente, exposant la vie privée et la sécurité de ces mêmes enfants sous prétexte de lutte contre les écrits diffamants.
En outre,à l’instar des conséquences d’Hadopi, le passage d’une telle proposition aurait pour première conséquence une « prise de maquis » de ces mêmes blogueurs. Car si jusqu’à présent, des propos diffamatoires pouvaient faire l’objet d’une plainte, laquelle ouvrait la voie à une demande de coordonnées et d’identité à l’hébergeur du site, cet amendement Masson pourrait très rapidement « expatrier » les blogueurs vers d’autres cieux… si possible sur des plateformes et des hébergeurs ne possédant ni correspondant, ni filiale en Europe. Un tunnel SSL pour la mise à jour du site, une attention particulière aux propos écrits afin de ne pas fournir trop d’indices, et les persifleurs les plus acharnés souriront des gesticulations de quelques plaideurs face à l’hermétisme d’un «bullet proof host service » situé sur les bords de la Volga, du Yang Tse Kiang ou du Mississipi.
Déjà, par le passé, divers Ministres ont tenté de faire taire les libelles, de censurer des chansons, de supprimer les pamphlets. De Mazarin à Richelieu en passant par Louis XIV ou le sinistre Adolphe Thiers, beaucoup ont cherché à inviter Anastasie au grand banquet de la chose imprimée. Avec pour première conséquence une exacerbation des positions critiques et un enrichissement des imprimeurs Hollandais ou Anglais. L’amendement Masson ne passera pas, enfin, car il existe sans le moindre doute, au sein de la Majorité, plus d’un Député, plus d’un Ministre qui a lu le Le Dictionaire Historique et critique de Pierre Bayle (piratable sans vergogne sur le site Gallica ), dictionnaire qui intègre une passionnante Dissertation sur les libelles diffamatoires.
*NdlC Note de la correctrice : du « Buzz » en langage geek. Mais il paraît que la commission de la langue Française, digne inventrice des mots « bogue-pas-celle-de-la-châtaigne » et de MEV (pour Ram, et non Mégaélectronvolt), impose ce terme issu du vieux François.
Après la radioscopie Facebook de RabidGremlin qui dévoile tout, même ce que l’on croyait « préservé », après le PanoptiClick de l’EFF qui examine toutes les fuites de navigateur, voici un autre fouilleur de cache d’origine tellement Polonaise que Père Ubu n’y aurait rien trouvé à redire. Des sites X aux visites d’universités, en passant par les dernières requêtes expédiées à Google, ce site Web fleure bon son Bentham. Bien que relativement difficile à joindre, probablement en raison de son brusque succès, « What the Internet Knows About You » peut être un excellent outil de sensibilisation aux règles élémentaires de sécurité auprès d’un public de non-techniciens.
100 exploits de plus : Metasploit 3.4.0 disponible, avec une section « brute force attack » renforcée. Première version « majeure » depuis le rachat de Metasploit par Rapid7