Cette poussée de paranoïa-là nous vient d’un billet amusé rédigé par François Paget de l’Avert. Un billet sur la multiplication des fameux « drop box » ou boîtes à lettres mortes, ces clefs USB noyées dans le ciment des murs et qui offrent au passant tantôt un programme utile, tantôt l’œuvre complète de Balzac, tantôt un morceau de musique en Creative Commons… Ces boîtes d’échanges utopistes, estiment quelques experts anxieux (anxiété qui n’affecte pas particulièrement François Paget), pourraient servir de dépôt de fichiers pour le compte d’organisations terroristes. On ne prête qu’aux riches. Dans le meilleur des cas, ces USB bétonnées se transformeraient en vecteurs d’infection après compromission, touchant telle une peste rouge tous les ordinateurs coupables de connexion vagabonde.
Monsieur Paget possède une grande âme et fait preuve d’une gentillesse infinie… car d’autres ne se seraient pas gênés pour « balancer » les noms et titres de ces cassandres d’opérette. Un terroriste même particulièrement obtus et peu instruit n’a pas besoin de lire les avis de ces « experts » pour comprendre qu’il est préférable pour lui d’utiliser ses propres clefs USB et de les coller avec une simple bande adhésive sous le banc d’un parc, de les camoufler dans une poubelle publique au milieu de détritus divers, bref, de la transmettre de manière toute rationnelle comme l’aurait fait un Burguess, un Philby, un Hansen, un Ames ou la famille Walker. Car quel terroriste ayant plus de deux neurones en état de se connecter utiliserait un moyen de communication dont chaque « drop box » se trouve cartographiée sur Google Maps ? Quant à utiliser une « boîte à lettres » pour propager un virus, c’est là une idée tellement inefficace qu’elle n’a pu sortir que de l’esprit d’un éditeur d’antivirus en quête de nouveaux marchés.
La BBC nous apprend une chose horrible, une chose absolument abominable, une chose… comment la décrire avec objectivité sans en éprouver une terreur irrépressible ? En bref, le métro Londonien déploie des bornes d’accès WiFi gratuites. Que les âmes sensibles nous pardonnent, mais il faillait que les lecteurs de CNIS soient prévenus de cette incroyable nouvelle. Bien sûr, de brillants experts ont immédiatement réagi, en signalant que grâce à ces bornes d’accès, les terroristes pourront établir des communications avec leur base à l’aide de logiciels VoIP, que lesdites bornes d’accès pourraient également être utilisées pour déclencher à distance une bombe à fragmentation thermonucléaire et double arbre à came en tête. Ce que n’aurait certainement pas pu faire un simple téléphone GSM, car les « experts » londoniens en savent toujours plus. Pis encore, cette technologie permettra aux terroristes « d’utiliser leurs ordinateurs portables en guise de téléphone cellulaire » et ainsi faciliter le travail d’un « groupe terroriste du métropolitain ». Ça, c’est de l’Insider Underground New Wave comme on n’en a jamais connu. Et ceci sans tenir compte de la délinquance quotidienne que faciliterait un tel réseau : ce réseau WiFi, affirment les experts es-paranoïa, encouragerait les mécréants épandeurs de chevaux de Troie et utilisateurs intensifs de logiciels d’interception des communications, leur facilitant le travail et leur offrant chaque jour une manne de données à voler sur les ordinateurs portables des usagers réguliers, allant, jusque dans leurs bras, voler leurs données bancaires. Après l’APT, pour Advanced Persistant Threat, voilà l’APT, pour Abnormal Paranoïa in the Tube.