Attention, cet article est à ne pas diffuser dans le quartier Montparnasse : il est publié par nos confrères de Telepolis (groupe Heise) et explique que selon une étude du cabinet Gfk, les « pirates » de films seraient parmi les plus gros consommateurs de médias sur DVD et des clients plus que réguliers des salles obscures. Diverses études comparables mais rapidement étouffées avaient été divulguées à l’époque ou l’industrie du disque hurlait à l’égorgement.
Les « majors » et autres boutiquiers de la variété et du divertissement n’ont jamais accepté de prendre en compte l’importance du vecteur promotionnel que représente la duplication « illicite » des médias. Et ce malgré la preuve apportée par la santé éclatante des professionnels du monde logiciel, qui fut probablement l’une des premières professions à « souffrir » du piratage numérique, et pour cause. Les exemples sont nombreux où les éditeurs de soft ont activement encouragé et compté sur le « faire savoir » qu’offrait le piratage : Ashton Tate (et plus particulièrement Wayne Ratliff) lors du lancement de dBase, Philippe Kahn, qui avait inventé le « droit de dupliquer à des fins personnelles et estudiantines » applicable à tout le catalogue Borland, Et surtout Microsoft qui, des décennies durant, a développé, maintenu, entretenu deux éditions Chinoises de son noyau Windows alors qu’aucune filiale commerciale n’existait dans l’empire du milieu… 500 millions de p’tits Chinois, émoi émoi émoi. Et l’on pourrait ainsi multiplier les exemples de « marketing viral » (certains l’ont comparé aux techniques des cartels de Medellin) qui ont été couronnés de succès sur le secteur de l’édition de logiciel. Dans l’univers du divertissement audio-vidéo, ce marketing viral et cette diffusion gratuite existait déjà, via les réseaux de broadcast radio-TV. Comprendre que les mécanismes de diffusion gratuite n’ont fait que s’adapter avec l’arrivée d’Internet paraît manifestement difficile pour les gestionnaires des Majors et de leurs deuxièmes couteaux.
Question toute rhétorique : si d’un coup de baguette magique les pirates sachant pirater cessaient de pirater à coup sûr, à combien s’élèveraient les pertes des fréquentations en salle et de combien chuteraient les ventes de supports ? (l’on prendra comme base les chiffres « sérieux » de l’Hadopi, cad 18 millions d’actes de piratages pour une population de 38 millions d’internautes, chiffres Médiamétrie).
Seconde question : Quel sera le montant que l’industrie des divertissements ne gagnera pas en l’absence d’un hypothétique calcul de manque à gagner estimé sur la base d’une clientèle constituée de mineurs dont le pouvoir d’achat n’existe pas.
Question de rattrapage : compte tenu de l’absence de manque à gagner par suppression des « taxes sur les supports » (puisqu’il n’y aurait plus un seul piratage constaté) de combien d’agences de gestion des droits d’auteurs faudrait-il se passer à échéance d’un an pour assainir la situation financière du milieu.
Vous avez deux heures avant ramassage des copies …
La semaine est exceptionnellement riche en hack téléphonique. La palme de l’information hors norme revient à nos confrères de l’Associated Press qui nous racontent comment les réseaux de téléphones cellulaires des groupes Talibans se seraient faits hacker pour y diffuser une fausse nouvelle, la mort du Mollah Mohammad Omar. Helen Messmer, de Network World, fait un rapprochement avec les différentes actions hacktivistes de ces derniers temps, et notamment l’intrusion sur un site de vente de livres appartenant à l’Otan. Parvenir à faire attribuer un tel acte par des civils incontrôlés est peut-être là une subtile manœuvre d’un service de renseignement occidental. D’autant plus que la méthode et les impacts psychologiques qui en ont résulté ressemblent plus à ce que l’on peut attendre d’un service d’espionnage. Probabilité d’autant plus forte que si la chose avait été du ressort d’un LulzSec ou d’un Anonymous, un communiqué de revendication égotiste aurait immédiatement suivi l’action. La présence de ce paravent hacktiviste permet ainsi de minimiser les éventuelles représailles ciblées de la part des Talibans.
Sur la liste Full Disclosure, même son de cloche, ou à peu près. De prétendus téléopérateurs appellent des internautes pour les aider à installer un antivirus gratuit… un humain de l’autre côté de la ligne, c’est plus rassurant qu’une alerte « pop up », n’est-il pas ?
Neal Krawetz, de son côté, témoigne d’un net accroissement d’appel de soi-disant employés d’eBay ou agents commerciaux de banques en ligne. Agents possédant un fort accent slave. Un slave n’appelle aucun commentaire, deux slaves passe encore… passé six slaves…*. Le développement des escroqueries tirant parti des abonnements VoIP en « flat rate », que l’on pensait voir exploser au début des années 2005, n’a pas encore franchement décollé. Peut-on apercevoir dans ces différents témoignages les signes avant-coureurs d’un usage plus marqué du « Vishing » ?
*NdlC Note de la Correctrice : les amoureux de Pierre Etienne auront reconnu un segment remarquable de la charade à tiroir dont le résultat est « c’est donc ton frère ».