Le scoop est signé par le quotidien Breton Le Télégramme : les 6 et 15 mai derniers, les ordinateurs de l’Elysée ont été « intrusés » de belle manière, soit par de méchants pirates Chinois-qui-ne-sont-pas-aux-ordres-de-Pékin, soit par des « puissances alliées » qui, comme chacun sait, utilisent les ressources des pays occidentaux à des fins purement pacifiques et informatives.
Il est encore trop tôt pour que les détails de l’attaque soient connus du public. Mais qu’il s’agisse d’une backdoor ou autre intercepteur injecté via un pdf forgé (Bercy beaucoup), ou de l’exploitation d’un feed de mise à jour et de correctifs appartenant à un éditeur connu, on ne peut que regretter que la Première Institution de France n’ait pas su écouter les conseils élémentaires (Back to Basic, en (grand) Breton dans le texte) distillés par ses propres services de sécurité.
L’affaire, précisent nos confrères armoricains, a été gardée secrète durant tout ce temps. Depuis Stuxnet/DuQu/Flame, il faut reconnaître que l’on entend nettement moins les hommes politiques hurler au loup, au cyber-terrorisme et aux réseaux pédophiles. La grande délinquance sur le Net (la vraie, celle des barbouzes et des mercenaires numériques) ne peut être combattue avec des rodomontades à la Chambre ou des textes de loi dont l’influence ne s’étend que de Brest à Strasbourg et de Lille à Marseille.
Le CFP de GreHack, conférence « sécu » qui se tiendra en octobre prochain à Grenoble, s’achèvera le 15 août prochain. Les présentations peuvent se tenir tant en Français qu’en anglais, la liste des thèmes étant précisée sur le site de la manifestation. Le temps de parole souhaité ne doit pas excéder 30 minutes.
Les organisateurs invitent également les étudiants et chercheurs indépendants à contribuer dans le cadre de « rump sessions » de courte durée (15 minutes au maximum). L’accent est essentiellement porté sur les travaux originaux et n’ayant pas déjà fait l’objet d’une communication lors de manifestations semblables.
La Bastille en question, c’est celle qui domine Grenoble, capitale des terres du Dauphin, berceau de la recherche atomique Française, patrie de Champollion (crypto analyste avant l’heure) et très prochainement, à partir du 19 octobre, berceau du hacking alpin avec GreHack, un cycle de conférences traitant de sécurité Informatique accompagné de son inévitable CTF. C’est donc, après les Sstic de Rennes, Hackito Ergo Sum à Paris, Hack in Paris à Eurodisney, la quatrième conférence sécurité institutionnelle de France, et la première qui se déroule dans le quart sud-est du pays. Evènement tardif d’autant plus surprenant qu’entre Grenoble, Lyon, Sophia, Marseille, ce ne sont pas les centres de recherche qui manquent (à commencer par l’InriAlpes) et qui ont des choses à dire.
Pour l’heure, certains conférenciers sont déjà pressentis. Eric Freyssinet (Gendarmerie Nationale) assurera la première « plénière », et nous parlera des botnets, de la détection à la traque des réseaux de machines zombies. Après cette entrée en matière, Christophe Devine (Anssi, père du très connu d’Aircrack) abordera l’épineux sujet de la confiance que l’on doit accorder aux réseaux de téléphonie mobile et à leurs protocoles. Car cette confiance s’est singulièrement érodée ces dernières années, avec des hacks qui vont d’OpenBTS aux compromissions de femtocells, en passant par les antiques travaux du THC, les dernières publications de Karsten Knohl, sans oublier le précieux et indispensable concours des opérateurs eux-mêmes et de leurs erreurs d’implémentations, le tout saupoudré des impressionnantes avancées dans le domaine des radios à définitions logicielles.
Encore un « keynote speaker » de renom, avec le témoignage d’un Français faisant partie du club très fermé des chasseur de faille et concepteurs d’exploits, Constantin Kortchinsky, ex Cert Renater, « expert à Miami » pour le compte de Dave Aitel/Immunity Sec. Il parlera de ses quelques 20 années d’expérience, et ce sera très probablement avec la verve et le franc-parler que l’on lui connait. Ses apparitions publiques dans des conférences Françaises ont été, ces dernières années, rares, trop rares.
Sont également prévues deux présentations sur des attaques orientées matériel, une tendance de plus en plus forte au vu de ce qui s’est dit au fil des dernières SSTIC, Hackito Ergo Sum et Hack in Paris. La première conférence sera animée par Philippe Elbaz-Vincent, et traitera des défauts de certains générateurs de nombres premiers aléatoires (le socle indispensable à tout système de chiffrement efficace), la seconde cigarettes online sera signée Régis Laveugle et s’intitule « attaques visant du matériel sécurisé, principes de base et exemples ». L’on se rappelle avec émotion de la présentation de Jonathan Brossard et Florentin Demetrescu durant la dernière HES, qui montrait à quel point il pouvait être facile de contourner un système « protégé » par TPM par exemple.
L’appel à communication
étant loin d’être clos, CNIS Mag reviendra sur le programme de cet évènement.