Bruits (de couloir) et chuchotements twittés, il flotte ces derniers jours comme un parfum de fin de règne pour les frères ennemis de la microinformatique. Chez Apple tout d’abord, avec la divulgation de petits-riens qui auraient, en d’autres temps, été fermement muselés… un fléchissement de la bourse après le lancement de l’iPhone 5 en raison de certaines craintes de rupture de stock, une fermeture provisoire de son sous-traitant Chinois Foxconn, des bugs de jeunesse dans le systèmes de cartographie du terminal… autant de vagues rumeurs qui n’auraient pas eu l’ombre d’une chance d’être évoquées il n’y a pas deux ans. Et voilà que le « père fondateur », Woz, le véritable papa de l’Apple II, confie aux participants de TEDx Bruxelles (via TechCrunch ) qu’il trouverait plus d’innovations dans les récents produits vendus par Microsoft que chez Apple tout entier. Et de lancer au fil de l’interview une série de « wooww » admiratifs, gimmick utilisé lors du lancement publicitaire de Seven.
Chez Microsoft, pourtant, les flottements sont tout aussi importants. Le grand public n’adhère pas (encore) à la nouvelle interface de Windows 8/RT et ne s’enthousiasme pas pour Surface comme un Bobo Yupie devant une devanture Apple un jour de lancement. A ceci s’ajoute le récent départ du patron de la division Windows, Steven Sinofsky, homme qui était parfois présenté comme le successeur probable de Ballmer. Un Sinofsky qui avait succédé à un autre personnage de valeur que l’on croyait inamovible à ce poste, Jim Allchin, qui lui-même reprenait les rennes de Brad Silverberg. Il est presque de tradition qu’un patron de division change de poste ou quitte l’entreprise une fois une ligne de produits lancée sur le marché. Mais, font remarquer quelques microsoftophiles, « Corp » compte un peu moins de « personnages » à sa tête. Sinofsky n’était pas, aux dires de ceux qui le côtoyaient, d’un charisme et d’une humanité débordante, et n’imposait pas, dans les médias, une image de « gourou » comme ont pu le faire un Silverberg, un Ray Ozzie ou un Allchin… voire un Bill Gates. Un Gates qui avait le talent de découvrir les talents et savait les mettre en valeur, ce qui n’est peut-être pas exactement un don qu’a su développer Steve Ballmer
Pendant ce temps, Google caracole. Le marché français des mobiles porte le logo Android dans 50% des cas, réalise 75% des nouvelles ventes de mobiles dans le monde et est en train de manger tout cru le marché Chinois en imposant un quasi-monopole. Des chiffres analysés par nos confrères de PCInpact et diffusés par une étude publiée dans Eguan, et que confirme une analyse de marché effectuée par le Gartner. Chiffres d’une portée stratégique incalculable, car ils illustrent ce qui se passe réellement en matière de transition technologique : le passage de la téléphonie mobile traditionnelle vers l’ère du smartphone se résume en deux chiffres : les ventes globales de téléphones mobiles ont chuté de 3% au 3ème trimestre 2012, mais celle des smartphones se sont envolées de 47% (marché lui-même détenu à 46,5% par deux marques seulement : Apple et Samsung). Et de ces deux protagonistes, c’est Samsung (donc Android) qui bénéficie le la plus forte croissance.
Voilà qui va faire les affaires des vendeurs d’outils de sécurité. Android est de plus en plus souvent présenté comme un système vulnérable, bien plus que celui de ses concurrents (iOS ou le tout « nouveau mais éprouvé » noyau de RIM, QNX). Cette perception de la vulnérabilité est d’ailleurs très relative. D’un côté, il y est encore très facile d’y trouver des failles ou des erreurs de conception favorisant des fuites d’information, de l’autre, le succès croissant de la plateforme va probablement provoquer une sorte « d’effet Windows » en attirant l’attention des auteurs de malwares.