François Paget (Avert Lab) revient sur l’un des volets de l’étude prospective2013 sur les cybermenaces publiée par McAfee. Un volet qui aborde l’influence probablement déclinante du mouvement Anonymous, principalement en raison de la dégradation et du délitement de l’image de marque du mouvement. Un délitement relativement facile à prévoir, comparable, d’un point de vue historique, au mouvement anarchiste Prudhomien : sans ligne de parti ni dieu, ni maître (et par conséquent sans organisation politique structurée, porte-parole officiel et comité directeur), il est impossible de juguler les dérives extrémistes et les abus de certains profiteurs dont les excès viennent faisander la pureté originelle du mouvement (ou prétendue telle).
Et François Paget de citer à titre d’exemple un « Anonymous » ayant ouvert boutique spécialisée dans les faux papiers « compatibles administration Française » : permis de conduire, quittances de loyer, carte d’identité, carte grise, on est véritablement là au cœur d’un commerce mafieux et le fait qu’il se pratique sur Internet ne lui permet pas d’échapper à l’article 441-1 et suivants du Code Pénal.
On notera au passage une légère érosion des prix pratiqués sur le créneau du « faux faff ». Il y a trois ans, notre confrère Damien Bancal écrivait un article sur cette industrie naissante et mentionnait quelques tarifs : carte d’identité à 700 euros, permis de conduire à 500 euros, quittance EDF à 60 euros. L’Anonymous-truand que dénonce François Paget propose la carte d’identité et le permis à 340 euros et la quittance EDF à 50. On ne peut que constater une certaine érosion sur les articles de luxe. En 1962, Michel Audiard écrivait « Le faux talbin, Messieurs, est un travail qui se fait dans le feutré ». Le faux faff également. Les archers de la taille douce en patatogravure et de la Marianne en linoléum guilloché n’étaient connus que des hommes du mitan. Avec l’arrivée d’Internet, des imprimantes à sublimation, des hologrammes en bandes prédécoupées et des plastifieuses de supermarché, le métier se perd, la tradition fout le camp et le respect dû aux vieux travailleurs et aux artistes du cousu-main s’évanouit.