L’affaire Prism délie les langues et a pour première conséquence d’attirer l’attention du public sur les autres organisations d’espionnage dans le monde. En Grande Bretagne, le Guardian (encore lui) raconte comment le GCHQ (Government Communications Headquarters, la cellule d’espionnnage SigInt de Grande Bretagne) a espionné les membres du G20 durant le sommet de Londres de 2009… révélation faite le jour même de l’arrivée du Président Obama en Irlande du Nord à l’occasion du G8. Et les moyens furent conséquents : Keyloggers et logiciels d’interception dans tous les Internet Cafés susceptibles d’être utilisés par les participants, hacking offensif des téléphones BlackBerry des délégués afin de fouiller dans leurs emails et surveiller leurs appels téléphoniques, constitution d’une équipe de 45 spécialistes chargés d’analyser, 24H sur 24, les appels téléphoniques des personnalités, exploitation d’informations fournies par la NSA qui interceptait les échanges téléphoniques de Dimitri Medvedev, président du gouvernement Russe, lequel utilisait pourtant sa propre liaison satellite pour demeurer en liaison avec Moscou.
Les sommets politiques ont, de tous temps, été l’objet d’attentions soutenues de la part des services de renseignements, cela n’est pas franchement nouveau. Mais cette affaire rappelle que le MI6 et le GCHQ restent intimement liés avec la NSA, et rendent peu plausible l’étonnement feint par la Chambre de Londres.
Pendant ce temps, au Japon, l’activité de la NSA semble inspirer quelques esprits, écrit Paul Kallender-Umezu dans Defense News. La législation Japonaise est excessivement stricte en matière de respect des correspondances et communications. Le précédent « Prism », ainsi que la mode très répandue du Deep Packet Inspection intéressent de plus en plus l’actuel gouvernement très conservateur de l’Empire du Soleil Levant. « Nous n’irons pas jusqu’au DPI, nous cherchons essentiellement à surveiller les dorsales sous-marines qui alimentent notre pays dans le but de bloquer d’éventuelles attaques en déni de service. Le DoS a bon dos.
En Allemagne, le magazine Der Spiegel rapporte que le Service d’Information Fédéral (BND, Bundesnachrichtendienst) envisage de renforcer sa surveillance sur Internet grâce à un budget de 100 millions d’Euros. La capacité actuelle du BND n’excèderait pas 5% du trafic email/chat/VoIP, explique une dépêche de l’AFP (extrait dans PressTv.ir) rapportant les écrits du Spiegel. La limitation en volume imposée par la loi autorise actuellement une surveillance de 20 % des échanges. Une surveillance qui doit s’opérer « au fil de l’eau », avec des outils de détection temps réel, puisque l’encadrement législatif ne permet pas que ces informations soient stockées et conservées.
L’Allemagne, unifiée depuis moins de 23 ans, garde encore les stigmates du flicage de la Stasi (Ministerium für Staatssicherheit), le service de police politique de l’ex Allemagne de l’Est. Son statut de pays anciennement occupé notamment par les troupes US (ainsi que Françaises, Britanniques et Russes) n’incitait pas, jusqu’à présent, les gouvernements fédéraux successifs de droite comme de gauche à adopter une attitude calquée sur les habitudes et pratiques d’espionnage de ces trois Etats.