Bitcoin, pour ou contre la « reconnaissance d’Etat » ? Deux éclairages, l’un par le site BFM, l’autre par le très conservateur Bob Graham, arguent chacun du danger que représente cette monnaie, vecteur probable de trafic et de blanchiment d’argent. Pour l’Allemagne, taxer les transactions Bitcoin, c’est déjà s’assurer que ces flux financiers n’échapperont pas à la politique fiscale nationale, en espérant ainsi que la déclaration des transactions constituera une garantie de légalité des opérations. Graham, de son côté, pense que la reconnaissance de cette « non-monnaie » non-sonnante et non-trébuchante (d’autant moins trébuchante que sa parité varie très rapidement) va plonger un peu plus le Bitcoin dans l’underground. En légalisant le Bitcoin, on supprime toute possibilité de représailles dit en substance le patron d’Errata Security.
L’opération friserait le million de dollars. IBM a officiellement annoncé son intention d’acquérir Trusteer, entreprise spécialisée dans la protection des systèmes d’information du domaine bancaire par détection des transactions frauduleuses et usurpation d’identité (analyse comportementale notamment).
Inside Secure, un industriel spécialisé dans la fabrication d’équipement de payement sans contact (processeurs, NFC, RFID…) annonce avoir acquis la licence de la technologie DRM (Digital Rights Management) TrustedShow de Trustonic. Trustsonic possède un savoir-faire dans l’intégration de DRM dans des processeurs ARM, visant ainsi le marché du verrouillage de contenu sur matériel embarqué.
Dans une ultime tentative pour maîtriser la situation, les autorités Britanniques viennent de commettre une double erreur : arrêter et interroger durant plus de 7 heures le compagnon de Glenn Greenwald, le journaliste qui a couvert l’affaire Snowden pour le compte du quotidien, puis effectué, sous les yeux des journalistes, une « saisie-destruction » du matériel informatique de la rédaction. L’article de l’Associated Press relatant ce véritable autodafé a été repris par la majorité des médias anglophones, dont le Washington Post.
Lorsqu’un gouvernement s’attaque à ses propres médias, il tourne le dos ouvertement aux fondements même de la démocratie.
Les réactions de Greenwald ne se sont pas faites attendre. Il aurait alors déclaré posséder quelques cartouches en réserve, et promet des révélations fracassantes sur les services d’écoute tant Nord-américains que Britanniques (propos rapportés dans la matinée du 20 août notamment par nos confrères de France Culture). S’engage alors une partie de bras de fer, dans laquelle le gouvernement Cameron tente de satisfaire son homologue US et la presse d’Outre-Manche combat pour sa sacro-sainte indépendance, Raison d’Etat ou pas.
Cette double opération policière (une intimidation personnelle indirecte et une destruction de preuve) montre à quel point Londres est désemparé. La destruction des disques durs du journal relève de la gesticulation la plus infantile et la plus inutile qui soit, les données sensibles étant probablement depuis longtemps réparties sur une multitude de serveurs. C’est là visiblement le signe d’une intense frustration et certainement d’une absence de maîtrise de soi, un véritable paradoxe au pays du self control … Quant à l’arrestation et à l’interrogatoire du compagnon de Glenn Greenwald sous des prétextes d’antiterrorisme (l’acte de terrorisme consistant en l’occurrence à signaler les actes d’espionnage d’une puissance étrangère), elle prouve, si besoin était, à quel point les services de renseignement de la Grande Bretagne sont totalement inféodés aux décisions de Washington. Les intérêts des îles Britanniques sont ici ceux du Grand Large, en totale contradiction avec ceux de l’Europe.
Une Europe qui, de son côté, gesticule tout autant. Plus d’une centaine de titres Français (dont Le Monde, le Point, L’Expansion…) reprennent l’information du jour : les Cnil Européennes, regroupées sous la bannière du G29, ont saisi la Commission Européenne et demandent des éclaircissements sur le programme Prism. Il leur aura fallu plus de 70 jours pour réagir. L’espoir que l’information retomberait rapidement dans l’oubli ? A se demander si les photocopieuses de Bruxelles sont tombées en panne, car il suffirait de reprendre les principaux chapitres du Rapport Echelon A5-02-64/2001 et des travaux de MM Duncan Campbell, Franck Leprevost et Chris Elliot commandités par le STOA (Science and Technology Options Assessment dépendant du Parlement Européen) pour en tirer des conclusions identiques et provoquer des réactions également identiques, c’est-à-dire inexistantes. Lorsque les choses vont mal, l’Eurocratie se plonge dans l’écriture de rapports et généralement sur un sujet très éloigné du fond du problème. Si études et propositions de solutions devaient être entamées, cela ne devrait-il pas être plutôt sur la responsabilité politique de la Grande Bretagne dans cette affaire d’espionnage, sur son zèle à étouffer l’affaire, sur sa participation active dans le concert UKUSA, ainsi que sur l’absence de volonté d’autonomie stratégique de l’Europe elle-même dans le domaine des TIC. Une autonomie (et non nécessairement une indépendance) qui ne peut se mettre en place que par le biais d’efforts financiers mis en commun, et non par le truchement de saupoudrages nationaux servant plus à une politique de subventions ne favorisant que quelques grands opérateurs et sociétés d’ingénierie …