La FCC vient de condamner la chaine d’hôtels Marriot pour avoir sciemment perturbé le « hotspot privé » d’un client, le forçant à utiliser le réseau Wifi mis à disposition de ses clients. L’équipement technique nécessaire a probablement été rapidement amorti, puisque, comme le précise nos confrères du Huffington Post,, le WiFi Marriot était facturé entre 250 et 1000 dollars. Cette forme de vente forcée n’a pas été du goût de l’autorité de régulation. Cette pratique déloyale est sanctionnée par une amende de plus d’un demi-million de dollars. Rappelons qu’en France une telle perturbation est illégale et il n’est pas nécessaire de déclencher un procès pour faire intervenir les vaillants défenseurs des ondes de l’ANFR.
Tout a débuté avec la publication des travaux de mm Narendra Anand, Ryan E. Guerra et Edward W. Knightly intitulée « The Case for UHF-Band MU-MIMO ».
Le professeur Knightly a démontré, à l’aide d’une plateforme relativement complexe constituée d’un empilement de SDR (radios logicielles) qu’il était possible d’atteindre les mêmes niveaux de débit et de bande passante sur les mêmes distances en utilisant des émetteurs 1 W sur 800 MHz qu’avec des routeurs Wifi sur 2,4 GHz ou 5 Ghz. Pourquoi ces fréquences UHF ? Parce que beaucoup espèrent voir attribuer à un service numérique sans licence les espaces laissés libres après la disparition des canaux TV analogique.
L’exploit des chercheurs de l’Université de Rice est essentiellement d’ordre logiciel (ou plus précisément réside dans la qualité du protocole Mimo utilisé), mais ne préfigure pas d’un éventuel Internet mondial sans fil à très haut débit… tout au plus peut-on espérer, en utilisant un spectre très large lié au protocole Mimo, améliorer les communications à distances moyennes (de 1 à 10 km) et les liaisons « hors vue » (non line of sight, ou Nlos comme disent les techniciens radio). On compense les limitations liées au théorème de Shannon par la multiplication des émetteurs et des fréquences… plusieurs petites bandes passantes concaténées font plus qu’un seul canal à large bande passante.
Cette expérimentation en chambre sur des distances de moins de 50 mètres ne tient pas compte du fait qu’entre 500 et 800 MHz, la directivité des antennes de faible dimension se dégrade comparé à des antennes de tailles identiques sur 2400 ou 5500 MHz, ce qui augmente considérablement le risques de perturbation au fur et à mesure que s’accroît la densité des routeurs exploitant cette même bande. En outre, en matière de transmissions radio, le rapport signal sur bruit s’accroît avec la distance, ce qui affecte d’autant la bande passante maximum utilisable. Ajoutons que les « canaux blancs » laissés libres par la disparition des anciennes fréquences TV analogique fait encore l’objet d’âpres discussions. Extension possible des boucles locales radio réservées aux opérateurs et collectivités territoriales, médium convoité par des opérateurs souhaitant améliorer les services de leurs infrastructures (Internet dans les trains, sur les autoroutes etc.) et tant d’autres de services facturés par paliers de vitesse et volume de données transféré, les« white space » ont très peu de chance de permettre à monsieur Toulemonde de fabriquer son propre réseau Internet longue distance et gratuit.