L’on peut se gausser du manque de sécurité qui a entouré les serveurs de l’Italien Hacking Team, mais il faut bien admettre que certains des outils qu’ils ont développé relèvent du Grand Art. C’est le cas surtout de leur RCSAndroid, RCS pour Remote Control System. Ce malware, qui est opérationnel sur toutes les versions d’Android, de Ice Creams à Jelly Beans, a été décortiqué par l’équipe de Trend Micro. Et ses performances sont impressionnantes : capture et expédition d’écran, surveillance du « presse-papier », récupération des mots de passe WiFi et de tout ce qui ressemble à un réseau social ou à un outil de communication en ligne (Skype, Facebook, Twitter, Google, WhatsApp, Mail, LinkedIn, Facebook Messenger, WhatsApp, Viber, Line, WeChat, Hangouts, Telegram, BlackBerry Messenger), utilisation du microphone pour « espionner » les conversations à distance, récupération des courriels Gmail, des SMS et MMS, géolocalisation de la cible, activation à distance de l’appareil photo/caméra (objectifs avant et arrière)…
Indémodable, RCSAndroid a été opérationnel depuis 2012, et n’a, pas une seule fois, été détecté. Il aurait été activé grâce à l’envoi d’un SMS depuis un serveur situé en république Tchèque, et un C&C (centre de commande) aurait été actif durant plusieurs années au cœur même des USA.
Compte tenu des caractéristiques plus « qu’intéressantes » de cet outil d’espionnage mobile, il y a fort à parier que des pans entiers de code soient un jour réutilisés et intégrés dans d’autres exploits « dans la nature ». Le fameux virus universel pour mobiles qu’agitent, tel un épouvantail, les vendeurs d’antivirus (lesquels se sont bien montrés incapables de soupçonner l’existence de RCSAndroid) pourrait bien voir le jour prochainement. Tout ça grâce aux efforts non pas d’une organisation mafieuse, mais de Hacking Team, un « professionnel de la sécurité ». Internet et le monde de la mobilité est devenu une zone de non-droit du fait même des agissements de ceux qui prétendent y faire régner « la loi et l’ordre ».
Annoncé en grandes pompes en mai dernier, et accompagnée d’une préversion publique, le Microsoft Advanced Threat Analytics (MS-ATA) voit sa sortie confirmée pour le mois d’août par Alex Simons en personne, le Directeur des « prog man » de la division « Identity and Security Services ». ATA est un outil de détection d’intrusion (un concurrent direct des FireEye, Palo Alto Networks, GateWatcher), sorte d’hybride de DPI (deep packet inspection) et d’outil d’analyse comportementale utilisant des fichiers de profils d’utilisateurs. Ce serveur de sécurité est l’évolution de la gamme d’Aorato, entreprise Israélienne absorbée par Microsoft en novembre 2013. Aorato, à l’époque, était plus orienté « vérification/authentification » des usagers référencés dans les ADS.
C’est devenu aujourd’hui, précise Simons, un outil véritablement destiné à protéger les infrastructures matérielles internes à l’entreprise (les installations « on premise », par opposition aux infrastructures « cloud »).
Toujours selon Simons, la prochaine édition intègrera une foultitude d’améliorations :
– détection des multiples méthodes d’attaque Pass-the-Ticket, Pass-the-Hash, Overpass-the-Hash, exécutions à distance, attaques brute force
– Prise en compte des multi-domaines
– Support des SLT (dénomination de domaines sans suffixe ou préfixe)
– Amélioration du support de systèmes non-Windows
– Détection automatique des équipements « NATés »
– Continuité de service en cas de disparition du contrôleur de domaine
– Monitoring de l’état de santé des systèmes (y compris modification des configurations, pertes de connectivité etc.)
– Processus de résolution automatique des noms de machines et numéro IP pour simplifier le travail d’analyse des activités suspectes
Difficile de garder son sérieux à l’écoute du journal télévisé d’Outre Quiévrain diffusé par VTM Nieuws. Afin de sensibiliser les employés travaillant dans la Fonction Publique, la communauté Fédérale Flamande a adressé à plus de 20 000 de ses fonctionnaires un email de « faux phishing » pour le moins inquiétant. Il s’agissait d’une prétendue facture de 19 750,50 Euros en règlement d’un voyage organisé à Paris, train et hôtel tout confort compris, facture établie sur papier à en-tête Thalys. Et, comme il est de coutume dans ce genre de relation épistolaire, il était demandé de communiquer les coordonnées bancaires et personnelles en cas d’annulation du voyage.
Le Phishing était plus vrai que nature, puisque même la compagnie de TGV n’avait été mise au courant de l’opération. Du moins jusqu’au jour fatidique car, plutôt que d’en référer aux services informatiques de l’Administration, les prétendues victimes se sont précipitées à grande vitesse sur leurs téléphones et ont fait exploser les standards de la compagnie de transport ferroviaire.
Après des excuses publiques, les spécialistes Flamands de la sensibilisation, honteuxzéconfus, jurent, mais un peu tard, qu’on ne les prendrait plus.
Et sur le mot et sur la chose
On vous a dit souvent le mot
On vous a fait souvent la chose…
Ecrivait l’Abbé de Lattaignant, qui sur le mot et sur la chose en savait sûrement quelque chose.
Mais, depuis l’affaire des fuites Ashley Madison, un site qui met en avant la chose en assurant que l’on taira le mot, les propos des uns dépassent la mesure des choses. C’est probablement encore un coup de « l’attachée de presse diabolique » ou du « DirCom démoniaque ». Car Avid Life Media (ALM), le groupe à la tête du site piraté, vient de publier un communiqué considérablement plus étonnant que le hack en question où les conséquences vaudevillesques de son hack. Passons discrètement sur les traductions hasardeuses des premières phrases mentionnant l’existence de « parties non autorisées qui auraient eu accès… » le vocabulaire du monde de la pénétration de système échappe certainement aux porte-paroles du cyber-marivaudage.
Non. Ce qui plongera le lecteur dans des abîmes de perplexité, c’est plutôt la phrase suivante : « Any and all parties responsible for this act of cyber–terrorism will be held responsible ». Cyber-terrorisme, le mot est lâché et ça nous laisse tout chose. L’on imagine immédiatement les hordes de censeurs sanguinaires regroupés sous le blason « à deux porte-jarretelles de gueule au pal de carnation », se ruant dans les entrailles des serveurs d’ALM. Cyber-terrorisme… le mot désigne-t-il la chose ?
Tout aussi remarquable est la première sentence de ce même chapitre « At this time, we have been able to secure our sites, and close the unauthorized access points ». En moins de 4 jours, sur une série de serveurs gérant plus de 47 millions de comptes, les gourous de la Communication de Groupe sont parvenus à auditer, analyser, découvrir les parades et déployer celles-ci. Voilà qui est encore bien plus fort que le hack Areva.
Mais quel est donc le mot qui désigne tant la chose qui consiste à prélever une commission en numéraire (sous prétexte d’abonnement) afin de mettre en relation deux personnes qui veulent faire la chose ? Sur ce point, le communiqué ne pipe mot.
Les plus courtes sont les meilleures : Stephan Esser publie un PoC visant OS X 10.10 qui autorise une élévation de privilège (donc la prise de contrôle d’un système) avec un code de moins de 150 caractères.
King cope publie, sur la liste Full Disclosure , la recette d’un moyen simple pour éliminer le nombre maximum d’essais d’OpenSSH lors d’une authentification, facilitant ainsi les attaques brute force.