La NSA peut surveiller 75% du trafic Web mondial, s’émeut le Monde reproduisant une dépêche Reuter. Avoir la possibilité de surveiller 75% des sites publics ouverts à tous, c’est toujours mieux que les 100 % des débuts du protocole http… ce qui prouve que 25% de ce qui est ouvertement publié échappe potentiellement à l’analyse de la NSA. Ajoutons que les 25% en question sont très probablement surveillés et analysés à leur tour par les centrales de renseignement Chinoise, Russe… ou Française.
De manière plus sérieuse, on ne peut que remarquer une citation du WSJ mentionnée par Reuter : « la NSA est en mesure d’intercepter pratiquement toutes les informations sur la toile dès lors qu’elle dispose d’un mandat signé par un juge. » Or, comme nous le faisions remarquer ce mardi au fil de l’article sur les Faux pas de la NSA, ladite agence génère plus d’un demi-million de requêtes par jour. On ne peut donc en conclure que soit les juges nord-américains sont pléthore et passent leur temps à signer des autorisations pour le compte de la NSA, soit la notion d’autorisation est entendue en son sens le plus large, n’est sujette à aucun contrôle et échappe totalement au juge qui en a autorisé l’exécution. La question n’est pas tant sur la capacité de récupération d’information et de traitement d’ycelle par la NSA (ou tout autre service de n’importe quel pays pratiquant ce genre de sport), mais sur le fait que la machine à accumuler les soupçons et les preuves par accumulation s’est emballée et échappe à tout encadrement légal réel.
En laissant la bride sur le cou de sa principale agence de renseignements, la Maison Blanche a agi sans en cerner précisément toutes les conséquences. Un peu comme ces députés qui demandent l’intervention de l’armée dans les banlieues pour rétablir l’ordre : le court terme et le chant électoralo-sécuritaire entraînent toujours des conséquences graves qui dépassent largement le but initial.