Officiellement,le « piratage » apparent du TGI de Bonneville (voir article précédent ) aurait été provoqué non pas par une personne mal intentionnée, mais par une bévue technique. Plus précisément, une réattribution un peu trop hussarde d’un numéro IP libéré depuis longtemps. En d’autres termes, il y a bien eu DNS hijacking, mais provoqué légalement par un nettoyage des tables. Les choses sont rentrées dans l’ordre, le site web originel retrouve ses pimpantes couleurs et ses informations de dernière minute datant de 2007, tandis que le jeune Webmestre de Calin-gratuit attend avec courage et abnégation les foudres des autorités judiciaires.. Alors, beaucoup de bruit pour rien ?
Beaucoup de bruit, sans aucun doute, puisque la phrase magique « TGI de Bonneville » affiche désormais fièrement 22700 références chez Google. Le nombre de hits ayant abouti sur l’adresse IP concernée aurait très probablement rapporté un peu plus qu’un billet de loterie si son malheureux Webmestre avait pu y placer quelques publicités.
Pour rien… voilà qui n’est pas certain. Car le simple fait que cette redirection n’ait pas été provoquée par un acte de piratage prouve à quel point la responsabilité technique d’un internaute ou d’un possesseur de site est limitée… Voir totalement illusoire. La « pierre dans le jardin de la riposte graduée » en est d’autant plus saillante. Cette fois, tout s’est bien passé pour la victime. Le poids considérable de l’Administration Judiciaire a œuvré en faveur d’une résolution rapide du problème et d’une divulgation toute aussi rapide des informations importantes de la part des hébergeurs concernés. Mais aurait-on pu espérer une telle transparence si la victime avait été un obscur blogueur ou un petit boutiquier du Net ? Peut-on assurer aujourd’hui que la justice accordée à la Justice sera la même demain pour n’importe quel citoyen ? Rien n’est moins sûr. Lorsqu’une erreur d’annuaire sème la pagaille dans le trafic réseau, l’amabilité du fournisseur d’accès est inversement proportionnelle à sa culpabilité ou son désir de ne pas communiquer.
Pour rien… voilà qui est encore moins certain pour ce qui concerne les poursuites en piratage que risque de subir le jeune Webmestre de Calin-gratuit. La meute hurlante des marchands de musique et de supports vidéo –réservons le mot « œuvre » aux véritables contenus artistiques- se portera-t-elle partie civile ? Le Tribunal de Bonneville, pouvant estimer que son image de marque a fortement été affectée, partira-t-il en croisade contre les responsables techniques de cette étonnante réaction en chaîne ? Le silence, après une telle affaire, c’est encore cette affaire.