Conséquence de l’effet Sino-Snowdenien et d’une longue tradition de méfiance envers tout ce qui ne vient pas de l’Empire du Milieu, l’administration Chinoise, nous apprend le Quotidien du Peuple interdit aux fonctionnaires l’usage des logiciels antivirus édités par Kaspersky et Symantec. La liste officielle des outils de protection est précise : Qihoo 360, Venustech, CAJinchen, Beijing Jiangmin et Rising.
Interviewés par les reporters de Bloomberg, les responsables de Symantec ont affirmé que leurs programmes « ne comportaient pas de fonctionnalité cachée ». La direction de Kaspersky, nettement moins maladroite (et probablement plus au fait des attitudes politiques à observer dans le cadre d’une économie collectiviste) s’est contentée d’un très discret « nous travaillons sur la question ».
La réaction de Symantec est d’autant plus puérile et irréfléchie qu’en matière de sécurité, la dénégation d’une menace non formulée est pire qu’un aveu. Par construction, un antivirus est à la fois un rootkit et une backdoor. Quand bien même il ne comporterait aucun code malveillant, que ce que peuvent « pousser » les serveurs de mise à jour de signatures constituent une menace si l’on n’est pas soi-même maître du contenu expédié par lesdits serveurs. C’est d’ailleurs ce qui avait poussé la France à envisager la création d’un antivirus bleu-blanc-rouge, ni moins bon, ni meilleur que ses concurrents, mais dont l’infrastructure de mise à jour serait maîtrisée.
En outre, des années durant, la direction des différents éditeurs de logiciels de protection périmétrique US ont affirmé haut et fort qu’il était de leur devoir de patriote de se réserver le droit de ne pas bloquer qui un Magic Lantern, qui un Carnivore, qui un des nombreux outils développés par la NSA et récemment dévoilé par la publication des fichiers Snowden. Nul n’est besoin de « backdoor » pour pirater un ordinateur distant lorsque l’on est éditeur d’antivirus. Il suffit de « laisser passer », avec ou sans l’approbation d’un juge, certainement sans en avertir un quelconque ambassadeur. Sur ce point, le gouvernement Chinois est plus pragmatique que ses homologues Européens. Pour Symantec, il est difficile, voire impossible, de se refaire une virginité et tenter de conquérir des marchés étrangers après avoir, des années durant, joué la carte de la collaboration avec les autorités Fédérales.