Faux-monnayeur : Encore un « petit métier d’autrefois » qui disparaît, emporté par l’automatisation inhumaine, l’Internet tentaculaire et l’informatique omniprésente. Les scanners tuent la main de l’artiste, les forums et places de marché sur Internet réduisent les fourgues au chômage, et l’imprimante laser a définitivement remplacé l’imprimante à plat sur papier format coquille. C’est ce que nous raconte Brian Krebs qui a enquêté sur les activités d’un vendeur de billets de 20, 50 et 100 dollars connu sous le nom de MrMouse. Impression de précision, support à faible teneur en amidon, filigrane parfait, bande métallique de sécurité… on frise le sans-faute, affirme le vendeur. Et les spécialistes des US Secret Service (dont la principale activité est focalisée sur les fraudes financières) avouent que c’est là de la belle ouvrage, capable de tromper la grande majorité des outils de détection.
Le faux talbin est une constante en matière de délinquance informatique. Le mouvement a tout d’abord débuté dans les années 80 avec les scanners et photocopieuses, en visant notamment les changeurs de monnaie situés dans les gares. Une simple copie noir et blanc sur papier ordinaire suffisait pour que le distributeur sonne comme bandit manchot à Las Vegas. Puis les contre-mesures ont évolué, la science des faussaires également. L’imprimante photo jet-d’encre, puis les « sublimations », enfin les systèmes de reprographie de plus en plus sophistiqués ont permis d’atteindre des qualités d’impression élevées. D’artisanal, l’écoulement de la production a atteint un niveau industriel grâce aux forums spécialisés et places de marché anonymisées sur Internet, généralement les mêmes qui servent au trafic d’identités bancaires et autres filières de carding. Ces plateformes ont mis au chômage les intermédiaires genre grands cons à moustache qui pourraient servir de mètre-étalon à Sèvre. Ceci sans mentionner l’extraterritorialité protectrice qui rend de plus en plus complexe l’application des « peines prévues par l’article 139 du Code Pénal ». Turquie, Ukraine, Russie… les gros producteurs de coupures frelatées, de fausses cartes de crédit, de numéros de comptes vendus en vrac n’opèrent jamais sur leur propre territoire. Assez de matière pour un quatrième tome de la série Max le Menteur de Simonin.