Perserec a publié il y a fort longtemps (en 2005, alors que le raz de marée Snowden était encore en gestation) un mémento intitulé Tendances technologiques, sociales et économiques qui accroissent la vulnérabilité des USA vis-à-vis des espions de l’intérieur. Et de plonger dans la longue tradition anglo-américaine d’agents retournés, de taupes, de traîtres et de balances à la solde des « camarades » du Guépéou.
La typologie des taupes et les origines des fuites, Perserec les a parfaitement définies. Un Internet qui accélère la diffusion et l’accès à l’information, même parfois confidentielle, des méthodes d’analyse et de recoupement plus rapides, une « internationalisation » des sciences qui entraîne à la fois une compétition inter-états et le désir de quelques idéalistes de voir s’instaurer un « équilibre des forces en présence », quitte à jouer contre les intérêts de son propre pays. Entrent également en ligne de compte le pouvoir de l’argent facile, la multiplication des personnes (employés Fédéraux, contractants etc.) à partager un secret, la diversité ethnique des citoyens US qui conservent un attachement certain à leur mère patrie, l’addiction aux jeux de hasard et aux pertes financières qu’elles entraînent, facilitant le travail de compromission des « sources »…
Il y a là une sorte de mémento prémonitoire qui, à la lumière des affaires Rosenberg, Robert Hanssen, Aldrich Ames, Jonathan Pollard ou Ana Montes, éclairent les agissements d’Edward Snowden. Fataliste, le rapport laisse clairement entendre que la « taupe » est le fruit de la société Américaine dans son ensemble, de la situation géopolitique des USA dans le monde, et que la conséquence des activités desdites taupes ne peut être que proportionnelle au développement des nouvelles technologies.