Certes, l´arrêt de McColo, l´hébergeur véreux, a fortement fait plonger le débit quotidien du spam dans le monde. Mais, fait remarquer Bruno Kerouanton, l´œil collé sur la ligne bleu de ses logs de messagerie, cette baisse semble très relative. Elle n´est véritablement remarquable que si l´on compare l´étiage des spams aujourd´hui et le volume mesuré en septembre et octobre dernier, période faste en pourriels. En revanche, avant cette période particulièrement troublée, le niveau moyen des emails non sollicités n´était guère plus important que ce qu´il est aujourd´hui, constate notre gourou sécurité Franco-Helvète.
Il s´agit là donc d´une donnée « corrigée des variations saisonnières » locale. Globalement, la « baisse de 70 % du niveau de spam » généralement clamée était mesurée à l´aide de métriques fournies par des statistiques de débit calculées au niveau des réseaux d´opérateurs. Les Netcraft, les SpamCop, les Ironport sont, semble-t-il, d´accord sur ce point. Les variations annuelles constatées par SpamCop, par exemple, montrent que le niveau de pourriel actuel n´a été atteint qu´une seule fois, précisément lors du saut de l´an, entre décembre 2007 et janvier 2008.
Bruno Kerouanton aurait-il longtemps bénéficié d´un régime de faveur ? C´est fort probable. C´est même certain. Car il est également indéniable que les variations saisonnières corrigées en fonction des emplacements géographiques ont, elles aussi, connu de fortes poussées de fièvre, avec un très net accroissement des spam et des opérations de phishing « localisées », francisées. En outre, les places de marché du vol d´identité, où se négocient «l´adresse email valide au millier » et la « grosse* de sites Web à injection SQL certifiée », sont de plus en plus capables d´offrir des packages « 100% Français », « Garantis pur Transalpin » ou « Totalement Teuton ».
NdlC Note de la Correctrice : Une grosse est équivalente à 12 douzaines, la douzaine ayant été dans toute l´Europe, la base de calcul monétaire et de comptage avant l´institution du système décimal après la Révolution Française. Certaines denrées, tels que les œufs, subissent encore ce régime là. Il est d´ailleurs encore fréquent que ces mêmes œufs soient vendus « 13 à la douzaine », soit un œuf gratuit par « paquet ». Ce qui fait, en toute logique, qu´une grosse, soit 144 pièces, puisse compter en fait 156 objets. Le système binaire et ses puissances de 2 ont, depuis, bien dépoétisé l´art de marchander les « grosses », les « bonnes grosses » et les « grosses maigres ».