Hack IoT encore et toujours, avec la présentation d’une plateforme d’analyse baptisée HardSploit d’Opale Sécurité. Considérablement plus évoluée qu’une simple « bus pirate » ou qu’un OpenBench, bien moins lourde et moins coûteuse que des outils d’analyse du commerce, cette petite carte n’est en fait qu’un FPGA (Altera) bardé de buffers, histoire de ne pas griller les entrées-sorties du composant principal. Toute l’intelligence de l’outil est en fait située dans le logiciel, ou plus exactement dans les bibliothèques de composants que peut émuler ou adresser le FPGA. Depuis son apparition dans le monde de la recherche (Hitb, BlackHat), bien des blogueurs ont assimilé cette plateforme à une sorte de « Metasploit matériel ». Le nom y est certainement pour quelque chose. Mais il serait plus exact de faire un parallèle avec GnuRadio. Car Hardsploit est avant tout un environnement de description graphique, une sorte de jeu de construction qui consiste à associer des signaux et des entrées-sorties de composants… et qui, une fois le travail achevé, va générer un VHDL qui configurera le FPGA. Tout comme le placement de fonctions de traitement de signal dans GnuRadio génère à son tour un code python directement exploitable. Et tout comme avec GnuRadio, l’absence d’un module peut être comblée par l’utilisateur lui-même, tâche plus ou moins complexe en fonction du composant à décrire. La prise en compte d’une eprom I2C absente du catalogue, par exemple, n’est guère plus complexe que ce que demande l’outil de création de composant d’un EDA (outil de CAO électronique) : datasheet d’un côté, souris-clavier de l’autre. L’exercice devient plus complexe lorsqu’il s’agit d’un VLSI « custom design ».
HardSploit cumule à la fois les fonctions d’analyseur logique, de scanner, de sniffer, de capture de signaux ou de contenu mémoire « au fil de l’eau », et ce quel que soit le bus ou l’entrée-sortie considérée : I2C, SPI, Jtag, bus parallèles et séries traditionnels ou propriétaires etc. Les protocoles qui n’existent pas ne demandent qu’à être décrits, et les développeurs d’Opale encouragent leur communauté d’utilisateur à contribuer à l’enrichissement de la bibliothèque.
Pour près de 300 Euros/Dollars, cet environnement s’adresse « officiellement » aux professionnels de l’Internet des Objets qui souhaitent analyser et renforcer la sécurité intrinsèque de leurs propres équipements. En réalité, il s’agit d’un outil de reversing de second niveau, qui sera apprécié par les chercheurs, mais également par les entreprises curieuses de mieux connaître les secrets de certaines productions concurrentes. Cette orientation laisse clairement entrevoir les évolutions prochaines de HardSploit : la génération de transitoires ou de niveaux intermédiaires sur les lignes de bus, sur les alimentations, sur les signaux d’horloge, et autres astuces propres aux « side channel attacks ». Ces fonctions font d’ores et déjà partie des panoplies de produits directement concurrents. On ne peut s’empêcher de penser à ChipWhisperer (USA) ou à GIAnT (Generic Implementation ANalysis Toolkit) (projet « ouvert » soutenu par le Ministère Allemand de l’Education et de la Recherche). L’on pourrait vivement souhaiter une aide ou un encouragement de la part d’une institution telle que l’Anssi. Entre durcissement des Objets de l’Internet et nécessités d’un OS souverain, le premier de ces deux sujets semble légèrement plus immédiat …