Les Etats-Unis semblent frappés d’une frénésie de déchiffrement compulsif. Après Apple, c’est au tour de Whatsapp d’être dans le collimateur du gouvernement US, nous rapporte le New York Times. Il n’y a pour l’heure aucune affaire en jugement menaçant cette filiale de Facebook. Mais le DoJ préfère prendre les devants et entamer des négociations pour que Whatsapp « mine » ses prochaines versions de logiciel. La messagerie instantanée étant chiffrée de bout en bout, son opérateur ne peut strictement rien faire pour « aider la justice » dans l’état actuel des choses. La solution d’un droit de regard « spécial barbouze-flicage » passe donc nécessairement soit par l’inclusion d’une porte dérobée, soit par la communication d’une faille de sécurité déjà détectée et non encore corrigée. Les erreurs d’intégrations dans les logiciels et équipements de chiffrement ne sont pas des faits exceptionnels. Pour la Maison Blanche, ne s’agirait-il pas d’une transposition au secteur de l’industrie de la théorie des dominos. En effet en faisant tomber Apple, contraindre Whatsapp deviendra plus facile, cas un peu plus épineux et difficile à résoudre. Et une fois ces deux géants compromis, les autres suivront.
L’article du NYT arrive à point nommé, quelques jours à peine après l’annonce d’intention des dirigeants de Whatsapp d’étendre le chiffrement aux échanges « voix » et aux concepteurs de Wire d’accélérer la diffusion de son « super-skype chiffré ». En matière de sécurité et de politique, les hasards n’existent pas. Les ténors de la Silicon Valley se battent (business oblige ?) pour renforcer le niveau de confiance attribué par leurs abonnés. Les forces gouvernementales de plusieurs pays, les USA mais également la France depuis peu, déploient de gros efforts de communication pour faire passer ces mêmes industriels pour de doux rêveurs, d’inconscients affairistes, presque à la limite des intérêts supérieurs de la Nation. Même si les motivations des « big five » des NTIC pourraient être poussées par le business et l’image de marque, le recul de certains principes démocratiques primordiaux en Europe (liberté de la presse, liberté d’expression en Pologne, Hongrie, Bulgarie etc.) ne peut que donner raison aux partisans de cette « autodéfense numérique » qu’est le chiffrement.