BlackHat 2017, Las Vegas. On les appelle gyroskate, gyropodes, overboard, gyroroue. Ce sont ces héritiers à bas coût de la Segway, sortes de skateboards à pilotage gyroscopique venus principalement des usines Chinoises. Déjà, l’instabilité de leurs accumulateurs électriques les a fait considérer comme éléments dangereux et bannis par nombre de compagnies aériennes. Mais voilà qui est bien pire qu’une explosion en vol, ces super-patins à roulettes peuvent être piratés.
Cette dramatique révélation a été faite par Thomas Kilbride d’IOactive. Un hack qui rappelle énormément celui que Deral Heiland (Rapid7) avait présenté durant Hack In Paris 2017 et qui visait les robots de téléprésence. Les méthodes d’intrusion et de détournement sont assez similaires. Dans un premier temps, l’attaquant analyse l’environnement radio de l’appareil, et tombe, sans grande surprise, sur une liaison Bluetooth vulnérable. Liaison absolument indispensable pour que l’usager puisse par exemple modifier les chenillards de led multicolores depuis son téléphone portable, ou connaître son emplacement exact puisque la localisation et les calculs de trajets utilisent les données gps du smartphone. Après une rapide analyse du protocole et l’usage immodéré d’un code d’accès « par défaut », sans grande surprise “000000”, Kilbride s’est emparé du système embarqué et a pu y injecter un nouveau firmware de son invention… car ledit firmware peut être mis à niveau sans que le moindre système de contrôle d’intégrité ne vienne bloquer l’opération. De là à pouvoir enregistrer au mètre près le parcours d’un ou plusieurs gyrocyclopédiste ou ordonner un arrêt brutal de l’appareil, il n’y a qu’un pas, ou un tour de roue. Possesseurs de planches à roulettes modernes, méfiez-vous des geeks qui courent à vos côtés, un œil fixé sur l’écran de leur Kali-Linux. Car, on l’aura compris, la première partie de l’attaque, de la compromission Bluetooth au changement de firmware doit nécessairement se dérouler dans les limites d’une portée d’émetteur Bluetooth.
L’intérêt d’une telle attaque est assez discutable et très peu réaliste. Bon nombre de ces gyropodes proviennent de Chine, pays qui n’a jamais brillé pour son amour de la sécurité numérique dans les produits de grande consommation. Sans même mentionner le plaisir très relatif de voir un gyropodiste choir de sa planche d’une hauteur de moins de 15 cm. Mais, aspect plus pernicieux de ce hack, à l’instar des caméras de surveillance percluses de trous de sécurité, il y a de fortes chances que l’on trouve sur le marché des version OEM vendues sous les logos nationaux prestigieux. Un prestige qui risque fort de donner à chaque utilisateur un sentiment de fausse sécurité. Moralité, rien ne vaut la marche à pied.