Kaspersky fait vendre. Vendre de la crainte et de l’incertitude de l’autre côté de l’Atlantique, du papier et du débat médiatique de ce côté-ci.
Aux USA, l’échéance marquant le bannissement complet des outils Kaspersky a été fixée au 16 juillet , avec mise en application définitive au 1er octobre. Ces dispositions concernent aussi bien l’administration Fédérale que les entreprises sous-traitantes. Ce n’est plus désormais qu’une question de business et de politique. Comme le casus belli avait pour origine une affaire d’espionnage, il est donc lié à la Raison d’Etat et au secret des services de renseignements, et par conséquent ne nécessite aucune preuve ni aucune justification. La chose est pratique.
En Europe, au pays des polders, des bicyclettes, de Dave et de Mata Hari, c’est toute la presse généraliste qui est aspirée dans la tourmente Kasperskienne. Une enquêtrice serait parvenue à « intruser » le réseau interne de la filiale Hollandaise de l’éditeur d’antivirus, dans le but de mettre en évidence ses liens avec les services d’espionnage Russes. Ce qui fait réagir Eugène Kaspersky au quart de tour, avec la publication d’un article au vitriol dénonçant la fantaisie de ces allégations, article suivi par le dépôt d’une plainte en diffamation visant le journal ayant publié les révélations en question.
Qui est Regina Magdalena Johanna van Rijbroek qui affirme avoir travaillé pour le compte du contre-espionnage Hollandais ? Son émergence médiatique commence fin janvier, dans une émission d’informations télévisée Nieuwsuur, émission dans laquelle, l’experte en sécurité explique que les cyber-combattants Nord-Coréens et Russes pilonnent les infrastructures du monde libre à grand coup d’attaque Ddos, que les distributeurs automatiques de billets peuvent être cyber-cambriolés, que les chaines de bloc associées aux attaques en déni de service sont pires que les sept plaies d’Egypte… un salmigondis pseudo technoïde qui a poussé la chaine à supprimer la vidéo de ses propres archives. Seule l’archive Youtube demeure.
Suppression également d’un livre traitant de cybersécurité, rédigé en collaboration avec Willem Vermeend, secrétaire d’État aux Affaires fiscales et ministre des Affaires sociales Néerlandais. Pas franchement un profil d’expert non plus. L’ouvrage sera retiré des ventes après que plusieurs preuves de plagiat y aient été découvertes.
Vient enfin l’article du quotidien national De Telegraaf au fil duquel notre hackeuse décrit son attaque contre les serveurs de Kasperky Hollande. Article souvent ironique et distancié de la part des journalistes, mais qui donne tout de même la parole à une personne qui affirme et accuse sans pour autant apporter ni la moindre preuve technique, ni la moindre justification à ses actes. A moins de créditer la thèse d’une mission pour le compte de l’Algemene Inlichtingen en Veiligheidsdienst, les S.R. Hollandais.
Nos confrères de Saltmines.nl dressent le bilan douteux de la cyber-experte. Et ce ne sont pas les seuls à s’indigner et s’interroger sur la facilité avec laquelle des experts autoproclamés peuvent, sans la moindre preuve, utiliser des médias d’envergure nationale pour émettre des affirmations totalement fantaisistes. Manipulation et intoxication orchestrée par des barbouzes ? Poussée mythomaniaque ou recherche d’une minute de gloire warholienne d’un ex-mannequin en mal de célébrité ? Révélateurs tragiques de l’état de délabrement de la presse Néerlandaise, incapable de recouper et évaluer une information ? Contrairement à Mozart, le bruit autour de Kaspersky, ce n’est plus du tout du Kaspersky.