Des Etats Unis ,encore, une étude du Center for Internet & Society (CIS) de l’Université de Stanford , qui revient sur une consultation publique lancée il y a un an par l’autorité de régulation des télécoms, la FCC, et qui portait sur la neutralité du Net. Un raz de marée libéral l’emportait haut la main, semblant prouver que les citoyens US étaient favorables à une proportionnalité bande passante/origine de la source d’information, donnant aux grands acteurs tels que les Gafam, un « droit d’usage » supérieur à celui que pourrait détenir des concurrents plus petits ou des organisations moins riches. Insistons sur le fait qu’une consultation est un élément de réflexion et n’a pas force de loi.
Et ce que nous apprend l’étude de Stanford, c’est que sur environ 22 millions de réponses, 21 millions d’entre elles étaient générées par des Bots, des duplicatas, provenaient d’identités falsifiées ou volées, voire de personnes décédées, le tout grâce à une armée d’ordinateurs et une poignée de personnes pudiquement baptisées lobbyistes et qu’en d’autres circonstances l’on appellerait « Bot Herders ». Les seuls « vrais humains » ayant répondu à la consultation (près de 800 000 personnes) sont favorables à 99,7% à cette fameuse neutralité du Net et à la conservation des mesures de protection des acteurs quelle que soit leur taille respective. Le billet de blog de Ryan Singel, rapporteur de l’étude, insiste même sur le fait que les répondants avaient une bonne connaissance du dossier, tant d’un point de vue économique que législatif. Singel dénonce au passage l’inertie de la FCC qui n’a semble-t-il pas chercher à filtrer ces avalanches de fausses opinions et qui serait même allée jusqu’à faire obstruction aux journalistes, au public, au acteurs politiques, leur empêchant de travailler sur les réponses et ainsi comprendre ce que désiraient réellement les citoyens.
Une consultation n’est pas un vote (bis), mais en général les décisions organiques des grandes administrations sont prises à comité restreint et ne sont soumises qu’au vote d’un cénacle de haut-fonctionnaires (qu’il s’agisse de la FCC ou de ses équivalents Européens). Dans ces conditions, toute consultation a quasiment valeur de scrutin… mais un scrutin sans observateurs officiels, sans contrôle anti-fraude, sans la moindre transparence, et qui accepte sans broncher l’opinion affirmée par un botnet.