Le lendemain du 14 juillet, tous les navigateurs –ou presque- tombent dans le même trou. Les téléphones prétendument intelligents sont également frappés par cette faille pouvant conduire à une attaque en déni de service. Il ne semble pas que cette faille, liée à un langage d’automatisation (EcmaScript), puisse être directement exploitable à distance autrement que pour provoquer un crash. Mais l’universalité de la vulnérabilité prend là une dimension historique.
Encore une catastrophe de juilletiste avant d’entamer le mois d’août ? La censure d’Amazon (ou « erreur stupide » pour reprendre les mots de son Président Jeff Bezos ). Cette censure est intervenue après que le diffuseur se soit aperçu que les ebook des romans de Georges Orwell (çà ne s’invente pas) étaient illégalement distribués. Du coup, les livres électroniques Kindle des clients ayant acheté ces fichiers ont vu leur bibliothèque virtuelle concernant certains ouvrages d’Orwell se volatiliser. La faute à l’autorisation accordée par un « ayant droit » qui en avait moins que prévu –des droits, bien entendu-. Cela montre à quel point l’achat de musique ou d’ouvrages en ligne est une pratique risquée. Non pas en raison d’une erreur humaine, toujours possible et excusable, mais parce que les infrastructures de vente en ligne imposent une mainmise technologique sur le patrimoine intellectuel et artistique acheté par les particuliers. Sans bien entendu que ledit particulier puisse faire quoi que ce soit. Cette possibilité d’autodafé par simple pression d’un bouton emplit de crainte tout amoureux de la liberté de pensée et d’éducation, et fera probablement rêver tout dictateur en quête de « pensée unique ». L’arrivée du numérique dans le domaine de la reproduction des œuvres a apporté son cortège d’abus de pouvoir, allant de la possibilité de déclencher à distance un virus destructeur (affaire du mouchard Sony Music) à l’effacement pur et simple des archives privées (cas Kindle) en passant par des manœuvres frisant l’abus de position dominante tels des drm installés sur des ouvrages appartenant au domaine public.
Cette histoire rappelle une autre forme de censure, pratiquée celle-là par Apple en mai dernier. Ce vendeur d’ordinateurs et autres gadgets audio a montré très clairement, en supprimant de son catalogue un « reader » d’œuvres appartenant exclusivement au répertoire classique, que l’éducation peut être mère de tous les vices. Depuis, la pression populaire a fait revenir ce lecteur d’ebook au catalogue. Mais deux actes de censure en moins de 3 mois, tous pratiqués par les plus grands diffuseurs de médias de la planète IP –et probablement de la planète entière pour ce qui concerne Amazon-, ce n’est ni un hasard, ni une regrettable erreur, ni l’acte stupide d’un lampiste, pourrait-ce être un test de réactions et de faisabilité ? Les débuts de l’ère du Cloud Computing sont prometteurs …