C’est le très sérieux BBC.co.uk qui s’extasie sur une « peinture anti-wifi » qui ne « coûterait que 10 livres par kilo ». Histoire de faire sérieux, on pare le tout avec la renommée d’un professeur Japonais, car toute vérité scientifique se soulève devant les Nippons.
Passons sur le fait qu’une telle peinture existe pour bien moins cher… on appelle çà de la « peinture à poële de fonte », c’est un composé chargé de carbone, totalement étanche à la HF et en vente dans toute bonne grande surface de bricolage. Même située en dehors du Pays du Soleil Couchant. Excellent primaire d’accrochage qui peut, à son tour, se faire ripoliner de toutes les couleurs de l’arc en ciel.
Passons également sur un détail sordide : le changement quasi obligatoire des fenêtres de la pièce ainsi peinturlurée avec des vitrages « teintés dans la masse » contenant généralement des particules métalliques fort peu amènes vis-à-vis des rayonnements électromagnétiques. Que sont les 10 livres sterling le kilo de peinture en regard des frais de « refenestration » ? La paranoïa anti-wifi risque fort de coûter aussi cher au RSSI qu’une croqueuse de diamants sortie d’un roman de Balzac.
Ajoutons que l’invention de tels traitements de surface s’adresse à une clientèle bien étrange. Une clientèle qui désirerait profiter des bénéfices d’un réseau sans fil strictement restreint au périmètre d’une seule pièce. A l’exception de quelques grands magasins voulant éviter une nouvelle affaire TJX ou d’ateliers flexibles informatisés impossibles à câbler, force est de reconnaître qu’une « solution cuivre » pourrait occasionner de sérieuses économies de peinture. Enfin, transformer un espace de travail en cage de Faraday pose quelques désagréments secondaires. Car si le WiFi ne passe plus, ni en 2400 ni en 5700 MHz, c’est également le cas de toutes les autres communications radio. A commencer par les téléphones cellulaires, les vhf des gardiens de nuit et des pompiers (ainsi que les Tetra de la maréchaussée), une bonne partie des transmetteurs utilisés par les systèmes antivol modernes, la majorité des télécommandes industrielles… pour ne donner qu’un bref aperçu des conséquences.
Le tout sans pouvoir garantir une véritable herméticité aux ondes. Car si vraiment un intrus « insider » envisage d’extraire des données par radio, il ne lui faudra pas déployer des trésors de technologie pour glisser un morceau de câble coaxial au travers d’un mur. Procédé certes peu élégant mais oh combien efficace.