C’est le « buzz » de ce milieu de semaine : les fiers cavaliers Kirghizes sont violemment attaqués par des ordinateurs des « pirates Russes ». Certains média en tartinent plus de 3 pages sans rien dévoiler, d’autres résument la situation en quelques mots. C’est le cas notamment du labo de SecureWorks, qui synthétise les faits ainsi : une attaque en déni de service semble lancée par des hackers manifestement pilotés par le gouvernement Russe. Cet assaut, qui passe presque inaperçu aux yeux des médias, serait probablement motivé par le désir du Kremlin de voir fermées les installations aériennes militaires américaines basée au Kirghizstan. Ces bases font partie de l’infrastructure logistique nécessaire à la présence des troupes US en Afghanistan. Le Président du Kirghizistan est perçu comme étant proche des Etats-Unis. De nombreux accords économiques ont été signés entre ces deux pays, accords pris par Moscou comme une intervention directe des USA dans la sphère d’influence de la Fédération de Russie.
On ne peut bien entendu que penser aux nombreux précédents qui ont mis en évidence le rôle des « groupes incontrôlés de patriotes » Russes, soupçonnés d’être noyautés par le FSB, et qui ont été notamment responsables d’une partie des « cyber-guerres » dirigées contre l’Estonie, la Lituanie ou, plus récemment, la Géorgie. Bien sûr, il n’existe strictement aucun lien officiel prouvant que le Gouvernement Russe soit mouillé dans cette affaire. Le strict cloisonnement des activités officielles et des actions officieuses, la « mobilisation spontanée » de milices patriotiques sont des caractéristiques typiques des sociétés collectivistes. S’il existe peu de documents militaires prouvant à quel point le Haut Commandement de l’ex-armée Soviétique s’intéresse de près aux mécanismes de la cyber-warfare et du recrutement de troupes compétentes dans les milieux du hack « noir », de nombreux rapports concernant sa proche voisine, la Chine, montrent qu’il existe un lien étroit entre ces deux mondes. Encore et toujours cette notion d’alliance objective si chère à la pensée marxiste. Les militaires ont besoin des groupes d’hacktivistes, lesquels hacktivistes acceptent cette collaboration en échange d’une certaine « liberté d’action ».
Il y a déjà plus de 8 ans, Toshi Yoshihara publiait une analyse d’une cinquantaine de pages intitulée « Chinese information Warfare : a phantom menace or emerging threat ? ». A lire à la lumière du rapport « Globalization and asymmetrical warfare » du Major William J. Hartman de l’Armée de Terre US, de l’étude « Cyber Warfare, an analysis of the means and motivations of selected nation states » du Collège de Dartmouth. L’on peut également ajouter à cette liste fort instructive, le rapide résumé d’un exposé sur l’ « unrestricted warfare » pensé par deux colonels de l’Armée Populaire de Libération Chinoise.