Que fait un spécialiste de longs-métrages gynécologiques lorsqu’il s’exaspère de voir ses productions sur les principaux réseaux Peer to peer ? En Grande Bretagne, il mande un cabinet d’Avocats (ACS:Law) pour jouer les cowboys : repérage des adresses IP des téléchargeurs, requête auprès des opérateurs afin d’obtenir une correspondance IP-patronyme, puis envoi d’une lettre comminatoire particulièrement menaçante. Seuls les Britanniques ont eu, pour l’instant, de telles idées, à savoir recourir à des mesures aussi arbitraires qui ne font appel à aucun moment à l’appareil judiciaire traditionnel : ils établissent une culpabilité sur des éléments non probants et utilisent des ressorts psychologiques qui frisent l’on pourrait presque dire le racket. Le pot aux roses est dénoncé par Slick News, suite à une formidable attaque en déni de service visant le site Web du cabinet d’avocats en question. Une attaque Ddos provoquée probablement par l’ire de quelques amateurs de films coquins œuvrant dans un garage londonien.
L’affaire prend une tournure cocasse lorsque Sky Broadband, l’hébergeur dudit cabinet, décide de suspendre l’accès à ce site un peu trop encombrant en terme de QoS, puis de le « rebrancher » une fois l’alerte passée. Remise en service de courte durée mais funeste, puisque c’est à partir de ce moment précis que cette histoire anglaise capote … La coupure momentanée de l’image et du son IP, suivi de sa remise en service a soudainement offert un accès public au répertoire racine du serveur d’hébergement. Las, les ressources aussi dénudées que les acteurs des productions susnommées ne se contentaient pas de contenir quelques pages Web. Il n’en fallait pas plus pour que l’on retrouve très rapidement sur Pirate Bay et quelques autres « trackers » d’échange P2P les fichiers de sauvegarde du cabinet, ainsi qu’une très grande partie de la base email de l’entreprise. Dans ces fichiers, des centaines d’adresses IP, de noms, prénoms, adresses personnelles, le tout accompagné du titre du film pornographique supposé téléchargé par le présumé coupable. Plus de 4000 personnes pourraient être concernées par cette fuite d’information. Dans le pays qui inventa l’Habeas-Corpus, la réaction ne se fit pas attendre, nous apprennent toujours nos confrères de Slyck. Dans la journée suivante, une association de défense des libertés individuelles, Privacy International, déposait une plainte auprès de l’ICO (Information Commissioner’s Office), organisme gouvernemental de défense des droits publics. Pour le cabinet d’avocats, l’amende sanctionnant cette faute pourrait s’élever à 500 000 £. Ce qui, compte tenu de l’atteinte à l’image de marque résultante, laisserait ce cabinet dans le dénuement le plus complet.
NdlT Note de la traductrice : ouvrage de Jean-Loup Chiflet intitulé « Sky my husband, dictionnaire de l’anglais courant », qui fait rapidement comprendre que sans maîtrise des idiotismes, l’on risque parfois de raconter beaucoup d’idioties.
Bonsoir, vous écrivez :
Seuls les Britanniques ont eu, pour l’instant, de telles idées, à savoir recourir à des mesures aussi arbitraires qui ne font appel à aucun moment à l’appareil judiciaire traditionnel : ils établissent une culpabilité sur des éléments non probants et utilisent des ressorts psychologiques qui frisent l’on pourrait presque dire le racket
Mais ne pourrait-on faire une analogie avec l’affaire française Techland ? Il me semble qu’on est sensiblement dans le même contexte, non ?
Ps : la citation n’est pas passée dans le précédent commentaire.