La Quadrature du Net éclaire à sa manière l’article 4 de la Loppsi : en invoquant la protection de l’enfance, les députés ont fait passer un texte généralisant le filtrage d’Internet « sans supervision de l’autorité judiciaire ».
Un filtrage inefficace, précisent les auteurs de ce communiqué, car cela ne bloquera en rien les trafics de contenu à caractère pédophile par d’autres réseaux d’échange. Ergo, conclut en substance Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature du Net, la lutte contre les cyber-pédophiles n’est qu’un prétexte pour renforcer le flicage du Net, tout en évitant de s’attaquer directement au problème de fond.
L’on pourrait même s’interroger, de manière plus générale, sur l’efficacité de la méthode prétendument appliquée par la Loppsi. Elle se résume peu ou prou à chasser le «consommateur » et ne cherche pas à protéger les victimes en frappant directement les pourvoyeurs. Dans le domaine de la prostitution ou du trafic de drogues illicites, la traque du client s’est toujours avérée inefficace, tandis que le travail d’enquête sur le terrain visant à remonter les « filières » et ainsi décapiter le réseau est systématiquement payant. En matière de pédopornographie, la question est d’autant plus délicate que la « source » est avant tout une victime, difficile à secourir compte tenu des lourdeurs et lenteurs des procédures judiciaires et policières transfrontières, notamment entre l’Europe et les pays de l’Est.
Cet article 4, à l’instar de bon nombre de dispositions de la Loppsi visant à policer les NTIC, se résume à une tentative de réponse technique inadaptée dans le but de résoudre un problème essentiellement politique… et humain.
On en était convaincu mais la mèche a été vendue par le brilliant Eric Ciotti qui a déclaré :
« Aujourd’hui, on n’est que dans la lutte contre la pédopornographie. »
Aujourd’hui. Maus demain ce pourra être tout site, toute présence sur Internet : CNIS-Mag tiens ! Ou fesse-book !
Christian Jacob a, lui, déclaré :
Il a aussi déclaré, au sujet des sanctions à l’encontre des députés :
« Un député comme n’importe quel contribuable fait ses déclarations d’impôt. Est-ce qu’une autorité administrative pouvait avoir ce droit ou pas ? Il y a le secret fiscal qui existe en France, et je pense qu’il vaut mieux avoir affaire au juge qu’à une autorité administrative. »
Quelques heures après le vote de la LOPPSI2 pour laquelle ce monsieur a voté bien entendu, ça fait tâche non ?
2 poids, 2 mesures ! Comme d’hab.
Db