Linda Bendali et Mathieu Lere, deux journalistes de l’émission Envoyé Spécial (France 2) sont parvenus, sans grand effort et à deux reprises, à faire passer une arme à feu sur un vol intérieur Français. Arme démontée et répartie dans les bagages de nos deux confrères, puis remontées à bord sans que ni le personnel de bord, ni les équipes de « filtrage » des deux aéroports aient remarqué quoi que ce soit.
Faut-il en conclure, comme semblent le suggérer les deux journalistes, que le personnel chargé de la fouille des passagers n’est pas formé ? Que les méthodes de sélection et d’embauche sont en contradiction avec la fonction à remplir ? Faut-il, pour être agent de sécurité, nécessairement disposer d’un diplôme d’artificier, être rompu à la manipulation des armes à feu, maîtriser les arcanes de l’électronique afin de différencier d’un premier coup d’œil un système de détonation d’un réveille-matin ?
Ou peut-on surtout se demander à quoi servent ces « fouilles de sécurité » d’une efficacité non prouvée, effectuées par des entreprises sous-traitantes, souvent réduites à des recettes appliquées sans la moindre réflexion, allant de l’obligation de se déchausser « à la tête du client » en passant par l’ouverture d’un ordinateur portable (sans prendre la précaution de constater s’il fonctionne ou non pour des raisons de rapidité) ou le kidnapping des dangereuses bouteilles d’eau. Ce paranoïa-business génère chaque année un chiffre d’affaires trop important pour qu’il ne se crée pas un consensus discret, face auquel l’opinion du passager n’a que peu d’importance.
Mais quels que soient les doutes ou les certitudes que l’on puisse émettre envers des mesures de « sécurité réactive », il semble évident que cette expérience journalistique qui ne prouve presque rien (sinon que les milices privées ne peuvent se substituer au véritable métier de policier) servira les défenseurs d’un renforcement des mesures de surveillance. Nombreux sont nos confrères de la presse quotidienne qui citent à ce sujet les propos du secrétaire général du syndicat policier Synergie-Officiers *(dito) « Cette affaire, si elle est vraie, démontre la perfectibilité du système et la nécessité de la présence de policiers lors de la formation des agents de sécurité, et pendant les fouilles (…) Mais on ne peut pas revenir en arrière, la police ne peut pas se substituer aux sociétés de sécurité privées pour les fouilles dans les aéroports ».
*ndlr note de la rédaction : Syndicat cher au cœur notamment de Maître Eolas, qui trouve souvent dans ses communiqués une source d’inspiration quasiment inépuisable.
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