BAE Systems, entreprise d’armement Etats-unienne, vient de décrocher un budget de R&D de plus de 8,4 millions de dollars de la part du gouvernement US pour développer un système moderne de brouillage des communications sans-fil, nous apprend Michael Cooney de Network World. Il s’agit là d’un programme particulièrement important en matière de guerre électronique et de sécurité des systèmes d’information.
Car le temps de la « moulinette » sonore sauce Radio Londres, occupant de façon statique une portion de fréquence, est bien révolu. Perturber un spectre de manière aveugle et brutale pourrait avoir pour première conséquence d’interdire également toute communication radio dans le camp de celui qui génère ledit brouillage : de plus en plus souvent, les outils de transmission moderne utilisent de très larges spectres, des mécanismes de saut ou agilité de fréquence, des types de modulation de plus en plus complexes… il faut être capable alors, sur le terrain d’opération, d’analyser toute l’étendue HF, d’y localiser les émissions et d’en tirer les caractéristiques principales : couche physique, MAC et réseau. Une fois cette sorte de « packet shaping » effectuée –analyse qui doit bien entendu être totalement passive afin de ne pas éveiller les soupçons-, le système de contre-mesure peut alors proposer un modèle de brouillage parfaitement adapté à l’émission de l’adversaire. La troisième phase de l’opération consiste à mesurer l’efficacité réelle de la perturbation sans qu’il soit obligatoire de posséder l’un des terminaux du réseau ennemi (en se basant sur la fréquence des NACK et des retry en quelque sorte).
Cette génération d’outils d’évaluation/contre-mesure/analyse entre dan le cadre du projet Blade ( Behavioral Learning for Adaptive Electronic Warfare) du Darpa. Ce qui est également intéressant, c’est que ces recherches contiennent en leur sein une ébauche de la contre-contre-mesure possible qui permettrait une évasion du système de brouillage. Les infrastructures de communication militaires reposent de plus en plus sur des réseau radio reconfigurables de bout en bout (SDR), dont l’essentiel –du pilotage de la couche Phy (fréquence-puissance) aux niveaux MAC et NET (chiffrement, modulation, sauts de fréquence, synchro des terminaux) – ne reposent que sur des ordinateurs. Lesquels peuvent bien entendu être asservis par un outil d’analyse et de contre-mesure tel que Blade. Cette guerre électronique des communications pourrait bien finir en une sorte de jeu du chat et de la souris d’une rapidité extrême, ou celui qui gagnera sera celui qui restera capable de synchroniser le plus rapidement possible son réseau, transmettre une pièce d’information et immédiatement changer de technique d’émission pour battre de vitesse la machine à perturber. Reste que certaines constantes physiques et électroniques font qu’il sera toujours plus rapide de brouiller un spectre radioélectrique que de mettre au pas ne serait-ce qu’une dizaine de terminaux radio sans reposer sur des mécanismes prédéfinis, donc prédictifs, donc faciles à perturber.
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