Quelques twitts et reprises de blogs à propos d’un hack WiFi concocté par un étudiant de la Rice University (Houston, TX) : Ryan Guerra, souhaitant accroître le rayon d’action d’une liaison WiFi entre un appartement et un hot spot gratuit, s’est ingénié à construire un « downconverter » (en gaulois un mélangeur infradyne) sensé accroître la portée du système. Quelques détails techniques sont fournis sur le site Ars Technica (http://arstechnica.com/tech-policy/news/2011/04/extending-wifi-to-one-mile-thanks-to-empty-tv-channels.ars). De manière très schématique, le jeune hacker radio a converti le signal WiFi sur les anciennes bandes UHF autrefois réservées à la télévision, et qui ne sont guère plus utilisées que par quelques transmetteurs de caméras portables et autres microphones «HF ». Aux USA, cette bande a obtenu un statut de « bande citoyenne secondaire », ce qui veut dire qu’il n’est pas nécessaire de posséder une licence d’émission pour pouvoir l’utiliser, mais que certaines restrictions sont imposées. Notamment, chaque émetteur « WiFi UHF » doit être capable « d’écouter » la fréquence avant d’émettre et de cesser son trafic (ou changer de fréquence) si un transmetteur de télévision ou le signal d’un micro est entendu. Une détection qui dépasse largement la simple détection de signal radio, puisque le système doit pouvoir distinguer la nature du signal, analogique ou numérique, de l’occupant prioritaire. En cas de surdité caractérisée, il peut même être demandé que chaque transmetteur puisse être équipé d’un équipement GPS doublé d’une liaison Internet afin de connaître la position exact des derniers émetteurs professionnels à statut primaire encore en service et d’agir en conséquence.
Si la bande des 500 MHz offre effectivement des possibilités un peu plus intéressantes en matière de portée, elle est toutefois limitée par les lois de la physique. Le rapport débit/fréquence porteuse limite la bande passante exploitable au quart du débit PHY d’un équipement 2,4 GHz. Le « hack » de notre universitaire étant initialement prévu pour contourner un obstacle physique sur une distance d’un mile (1,6 km), une antenne directive avec un meilleur gain et un calcul d’équation de puissance en Nlos (liaison « non line of sight ») aurait largement pu éviter une suractivité cérébrale et électronique et garantir une exploitation confortable de la bande passante originelle. A cela s’ajoute un autre point en défaveur de la technique utilisée. Comme le montre une photographie de nos confrères américains, le fameux « downconverter » est raccordé sur une antenne « log periodic », système rayonnant réputé pour la largeur de sa bande passante mais affligée d’une redoutable absence de gain par rapport à une antenne accordée (10 dB max contre 30 dB pour une parabole correctement illuminée). L’exercice de style est intéressant, mais cette débauche de science et de technologie aurait pu être remplacée par un peu plus de calcul, de meilleures antennes et un léger travail de gestion des réflexions.
Cet exercice apporte pourtant sujet à réflexion en matière de sécurité, et montre qu’un simple mélangeur peut expédier sur une autre fréquence un signal WiFi susceptible de faire fuir des données à l’insu d’un administrateur. Surveiller le spectre électromagnétique sur la bande des 2,4 et 5 GHz est totalement inutile… le véritable signal pirate peut très bien se trouver sur 3, sur 5 ou sur 10 GHz, et ce pour un investissement parfois inférieur à quelques euros. Seule une surveillance au niveau MAC/IP peut détecter une station « rogue »… et encore cette méthode est-elle aussi entâchée de limitations. Rien n’interdit, par exemple, d’imaginer un ordinateur officiellement déclaré d’être infecté par un programme chargé de re-router son trafic réseau sans fil. La chose existe depuis des lustres sous Linux et a fait officiellement son apparition sous Windows 7 sous l’apparence de services Mesh. Reste donc pour se protéger l’analyse de trafic et les méthodes traditionnelles, l’examen des logs, la surveillance comportementale…
« Seule une surveillance au niveau MAC/IP peut détecter une station « rogue » »
Même pas: on peut imaginer un équipement modifié à un niveau suffisamment bas pour qu’il soit transparent pour la couche réseau, et ne fasse qu’émettre les paquets qui transitent sur un câble. Imaginez un répéteur ou un hub doté d’une antenne.