Un petit tour sur les archives de Cryptome, et l’on tombe sur l’objet du « e-scandale » du jour : la divulgation publique de quelques captures d’écran d’un Webmail semblant appartenir à Sarah Palin, Gouverneur de l’Alaska et candidate à la Vice Présidence des Etats-Unis. Tous les détails de l’affaire sur le Reg, sous la plume de Dan Godin , qui soupçonne même l’origine de la « fuite d’information » : Ctunnel.com. Il s’agit là d’un fournisseur de service « proxy », ces caches sur Internet qui accélèrent le débit apparent des liaisons mais qui constituent également un « point de faiblesse intermédiaire » diablement indiscret. Courriels de famille, avertissement des risques de piratage, email de soutien parfumé d’invocations divines, si tout çà n’est pas le compte Yahoo-mail de Madame le Gouverneur, çà y ressemble fort.
Derrière ce piratage –qui fera plus de bruit que de mal-, l’on voit s’esquisser une multitude de problèmes résultants. En premier lieu, l’exploitation politique du hack pouvant déchaîner des passions. Palin et une ultralibérale, militante anti-avortement, favorable à l’instauration de la doctrine créationniste dans le programme scolaire, réputée pour ses prises de position anti-écologistes, défenderesse de la peine de mort, supportrice active de la NRA… un profil d’édile éclairée, de porte drapeau de ce que l’intelligentsia républicaine a de plus remarquable. Bref, une personne qui aime provoquer, et donc attirer sur elle les traits de ses adversaires.
L’opposition fait remarquer, pour sa part, qu’il pèse de très forts soupçons sur l’usage que Palin peut faire des messageries électroniques, allant jusqu’à la soupçonner d’utiliser son compte personnel Yahoo Mail à des fins professionnelles. Cette pratique éclipserait des archives officielles tout ce qui pourrait sembler compromettant pour le parti ou la personne. Or, les actes, les positions écrites de tout responsable politique doivent être archivés. Ne serait-ce que pour en conserveur une trace historique. Certes, les emails de Madame Palin ont très peu de chance d’égaler un jour la correspondance d’un Cardinal de Richelieu, mais ils appartiennent tout autant à la mémoire de l’Etat. L’on se souvient qu’en France, dès les premiers jours du Gouvernement Sarkozy, le SGDN avait émis un avis défavorable quant à l’utilisation abusive des Blackberry « personnels ». Officiellement pour des raisons évidentes concernant les intérêts supérieurs de la nation et le secret des échanges interministériels. Officieusement, bien des observateurs avaient également soulignés que c’était là, sous prétexte de modernité, un moyen peu élégant pour éradiquer des archives nationales des documents ou des notes officielles ou assimilées.
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