Passionnante étude que celle de ces chercheurs de l’UCSD et de Berkeley. Durant des mois, ces universitaires ont étudié, disséqué, reconstruit, adapté toute une chaîne de spams destinée à attaquer trois fronts : acheteurs de pseudo-viagra, amateurs de cartes de vœux en ligne et canulars du premier avril. Et attaquer non pas de manière livresque, mais réelle, avec une véritable charge et un authentique –mais limité et contrôlé- serveur et ses calamiteuses émissions de pourriel.
Dire que le rendement est bas est un doux euphémisme : la plus rentable des campagnes –le fortifiant pharmaceutique- ne draine que 0,0000081% de la population d’un fichier comptant 347590389 adresses smtp. « Après une campagne de 26 jours et 350 millions d’emails envoyés dans la nature, nous n’avons conclu que 28 ventes effectives » constatent les chercheurs. Un taux de rentabilité inférieur à 0,00001%, un taux de pollution inimaginable dont les effets dévastateurs sont le dernier des soucis de ceux qui vivent de cette industrie.
26 jours, 28 victimes, 100 $ d’achat en moyenne par victime, un gain net de 2731,88 dollars. Dans les conditions réelles d’exploitation d’un « Storm Worm » vecteur de spam Viagreste, les chiffres seraient, pensent les scientifiques, plus proches de 7000 $. Un bon Storm élevé en batterie peut créer à lui seul 3500 à 8500 nouveaux Bots par jour. Dans ces conditions, il n’est pas impensable de tabler sur un revenu annuel gravitant aux environs de 3,5 millions de dollars. Et l’on ne parle alors que d’une seule campagne… Les multirécidivistes pouvant alors amasser bien plus en considérablement moins de temps.
Quant au retour sur investissement, il semble tout aussi pharamineux. « L’on peut estimer comme proche de la vérité l’estimation situant la mise de fond aux environs de 80 $ par million ». Dans ce milieu là, on ne pratique pas franchement les mêmes tarifs au « mille d’emails expédiés » que dans le monde civilisé.