Non, il ne s’agit pas d’une attaque capable de déchiffrer et de permettre l’écoute des conversations téléphoniques « mobiles ». Mais un collectif de chercheurs Helvético-Germano-Norvégiens vient de découvrir une faille dans le protocole « Authentication and Key Agreement » (AKA). Lequel, malgré de récentes améliorations et notamment l’abandon d’un chiffrement symétrique, utilise toujours un SQN (SeQuence Number) vulnérable. Et c’est ce SQN qu’ont exploité les 4 chercheurs, non seulement parce que ce SQN ne dépasse pas 48 bits de longueur, mais qu’en outre son changement à chaque nouvelle séquence se limite à une incrémentation (+1).
En pratique, la fuite d’information résultante concerne la localisation du mobile attaqué, ainsi que le nombre d’appels et de SMS échangés. Et, par voie de conséquence, la possibilité de voir refleurir la fièvre des « Imsi-catchers » à laquelle succombent à période régulière les forces de l’ordre. Et c’est précisément ce qu’en théorie la nouvelle version du protocole AKA cherchait à éviter, en supprimant l’émission non-chiffrée de cet Imsi. Mais un trou colmaté peut en cacher un autre.
Concrètement, l’exploitation de la faille et la récupération des données nécessitent un ordinateur de faible puissance (qui peut être remplacé par un Raspberry Pi précise l’article), une compilation d ’OpenLTE et d’un SDR. Pour les besoins de la cause et un certain confort, c’est un Usrp B210 qui a été utilisé : 1200 USD pièce, un fpga Spartan 6, un composant « tout intégré » ( AD9361 ) avec un ADC 12 bits 110 MSPS… une approche plus ciblée pourrait aisément diviser ce coût par 10.
Cette attaque serait, de l’avis même des chercheurs, plus « intrusive » que celle menée par les Imsi-catchers, car une fois lancée, le fait de s’éloigner de la cellule intruse ne fait pas disparaître la compromission. Certes, la localisation et l’historique des activités ne sont plus transmis tant que le terminal est hors de portée de l’OpenLTE espion, mais les informations sont stockées et peuvent être récupérées dès que le téléphone repasse à portée de ses antennes. La criticité de l’exploitation est donc bien plus élevée que celle des Imsi-catchers, qui ne récupèrent des données que de manière temporaire et ne peuvent obtenir le moindre indice sur ce qui a pu se passer hors de leur couverture.
En attendant une remise à plat par le 3GPP de cet AKA un peu trop indiscret (en soumettant l’incrémentation du SQN à un générateur d’aléa par exemple), les terminaux mobiles de nouvelle génération seront « potentiellement vulnérables » à ce genre d’attaque assez peu probable.