Skype serait sur le point d’être absorbé par Microsoft pour 8,5 milliards de dollars nous apprend le Wall Street Journal. Somme qui dépasse l’entendement, et permet à certains anciens actionnaires de remporter 3 fois la mise : 1,2 milliard de $ pour les deux fondateurs Estoniens, 4,8 milliards de $ pour les différents co-actionnaires tels que Silver Lake, Andreessen Horowitz et un fond de pension Canadien, sans oublier 2,5 milliards de dollars qui vont directement dans la poche d’eBay, qui détenait 30 % du capital de l’entreprise. La hauteur de l’enchère ne surprend qu’à moitié. Certes, des rumeurs courraient sur la rentabilité réelle de Skype, qui aurait perdu près de 7 M$ au cours du précédent exercice et dont le bilan est plombé par une dette de près de 680 M$. Un trou négligeable en regard de la valeur que la société représente en termes de R&D (notamment sur le marché de la diffusion vidéo) et surtout en matière de stratégie d’entreprise. En annonçant une mise à prix aussi élevée, Microsoft tente de couper court aux pourparlers entamés occultement par Google (un ennemi juré de MS) et Facebook (un allié objectif et partenaire de MS).
En récupérant Skype, Microsoft tourne le dos à ses multiples tentatives plus ou moins heureuses de capture du marché de la messagerie instantanée et de la téléphonie sur IP (notamment de la VoIP sur équipements mobiles). Un virage qui l’éloigne définitivement des volontés de « normalisation » autour de Sip, H.323 et autres protocoles officiels que Skype ne respecte absolument pas et qui forment pourtant la pierre angulaire des outils Microsoft plus ou moins concurrents. Pour une fois, le non respect des normes ne sera pas de la faute au « géant hégémoniste qui veut conquérir la planète ». Comment s’intègrera ce programme dans l’entrée de gamme des architectures de téléphonie d’entreprise « microsoftisées » ? Comment évoluera la branche « live » dont faisait partie MSN Messenger et ses outils périphériques ? Nulle réponse.
Côté sécurité, cette absorption ne va pas se faire sans mal. Skype et ses « supernodes », son routage intrusif, ses failles impromptues (la dernière touchant les clients Mac), son absence totale de transparence technique et sa structure P2P donnera sans le moindre doute quelques aigreurs d’estomac au MSRC. Mais depuis que Microsoft pratique la religion de la croissance externe, ces « petits désagréments » font partie de la routine.
14H32, mardi 10 mai 2011 : information qui vient d’être confirmée par Reuters