Bruce Schneier s’amuse des questions parfois farfelues posées par les organismes de sondage en général, et à propos d’une étude Harris en particulier, étude qui établirait que les citoyens US, dans 39 % des cas, seraient prêts à sacrifier une année entière de leur vie sexuelle en échange d’une véritable sécurité numérique, une protection efficace de leur cyber-identité. Pis encore, 41 % d’entre eux abandonneraient volontiers leurs mets préférés tout un mois durant, plutôt que de devoir souffrir le long calvaire des changements de mots de passe en cas de compromission d’un compte.
Ce sont là, estime Schneier, des questions totalement stupides, dénuées de sens, posées uniquement dans le but d’interpeller le lecteur.
Et si le Maître à Penser de la sécurité bien tempérée se trompait ? Car, aussi farfelues que soient ces questions, des personnes y ont répondu sérieusement. Sur la base de ces réponses, l’on pourrait alors en déduire quelques hypothèses scientifiquement étayées. Par exemple que 41 % des personnes interrogées n’ont jamais eu la possibilité de déguster un tournedos Rossini, une cervelle de Canut ou un tablier de sapeur. La soif de sécurité serait-elle le sous-produit du hamburgers-ketchup-root beer, que l’on troquerait sans remord contre un audit sauce ISO2700x ? Il est donc urgent de vérifier cette hypothèse en établissant un programme d’envergure nationale, qui placerait un descendant de Vatel, un élève d’Auguste Escoffier, une armée de disciples de Brillat-Savavin à la tête des cantines scolaires, restaurants d’entreprise et autres gargotes, histoire de vérifier si la LCEN peut résister à un tel test d’intrusion à l’échelon national. La sécurité est un état d’esprit plus qu’une recette dit-on. Corolaire, toute recette, y compris celle de la tarte Tatin, pourrait s’apparenter à un exploit à la fois culinaire et binaire.
39% des sondés auraient également, cela ne fait aucun doute, plus de 80 printemps, âge, dit-on, un peu moins propice aux transports en commun (à deux ou plus vers Cythère) qu’à la recherche d’une cyberquiétude. Ce que l’Abbé de Lattaignant décrivait ainsi
Et que pour le jour où le mot
Viendra seul hélas sans la chose
Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose
Vous reprendrez bien un peu de firewall ?
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