En simplifiant à l’extrême, BES 5.0 (BlackBerry Enterprise Server), RIM réinvente des services qui existent depuis des lustres dans le domaine des serveurs de fichiers. A commencer par une console d’administration Web unifiée, qui envoie au rancart l’ancienne application sous Win32 et ses nécessaires corvées de mise à jour. Ajoutons à cela une gestion des droits et des groupes plus « granulaire » et une architecture redondante permettant à un serveur secondaire d’assurer le rôle de serveur primaire en cas de panne ou d’immobilisation de maintenance. Autant d’améliorations visant à renforcer la sécurité structurelle et administrative des serveurs de téléphonie mobile d’entreprise.
Dans les détails, BES 5, c’est avant tout une console d’administration Web. Une console d’autant plus indispensable qu’elle autorise désormais la création de politiques de groupes ainsi que l’intégration d’un groupe d’utilisateurs dans un autre groupe. Pour qui s’est un peu frotté aux arcanes de la gestion de droit, il est clair que sans outil d’administration performant, les problèmes d’héritage de droit et de manipulation des attributs deviennent rapidement un casse-tête complexe. Outre cette adaptation particulière de ce que l’on pourrait appeler des « GPO » (politiques de groupes chez Microsoft), il est également possible désormais de nommer des administrateurs délégués chargés –sans compromission possible des niveaux hiérarchiques supérieurs- de l’administration d’une branche ou d’un département.
La constitution de ces règles, cette gestion plus évoluée est la conséquence d’une extension technique de taille : la possibilité de déployer des applications –et correctifs- en mode « push » sur l’ensemble du parc de terminaux mobiles. Or, un déploiement nécessite des outils de filtrage impitoyables. Tant pour des raisons de sécurité et de confidentialité d’accès que pour des raisons évidentes de coûts de licences et d’optimisation des ressources. Bien sûr, serait-on tenté de dire, ce filtrage des autorisations fonctionne également dans l’autre sens. Il est tout aussi possible d’interdire l’installation d’applications non autorisées par la DSI ou par le Ciso.
Pourquoi cette brusque mutation ? Principalement en raison de l’évolution du marché des téléphones portables. Longtemps, RIM a surfé sur la vague du relayage des grands serveurs de messagerie, Exchange et Notes. Des applications sérieuses qui inspiraient confiance. Mais la mode, les produits concurrents, la vague Web 2.0 et son lot d’applications participatives, le succès des messageries instantanées etc… ont conduit RIM à offrir plus que de l’échange smtp. BES supporte désormais, par exemple, le partage de fichiers et l’accès aux ressources sur les serveurs d’entreprise, la gestion des dossiers des poste client, ou les API Google Apps (notamment les agendas « cloudifiés », coqueluche des road warriors des temps modernes). De quoi, sans le secours d’une gestion des autorisations et une administration drastique des déploiements, transformer un réseau de mobile en une dangereuse infrastructure échappant à tout contrôle.
Egalement ajoutée à la version 5 –et absente de l’édition 4.1 SP6-, le fonctionnement du serveur en mode « haute disponibilité ». Il s’agit en fait d’un fonctionnement en tandem d’un serveur BES principal et d’un système secondaire, lequel, en temps normal, sert à répartir la charge de traitement et qui, en cas de détection de panne du serveur principal –par mesure d’un « heartbeat »-, prend la place du maître et s’occupe de la gestion de l’annuaire et des tâches de synchronisation. C’est l’adaptation d’une idée antique, celle de Co-standby Server ou de SFTIII. Ajoutons enfin que BlackBerry Enterprise Server 5.0 a obtenu la certification Common Criteria Evaluation Assurance Level 4 (EAL 4+), une certification qui possède au moins le mérite d’ouvrir la porte de certaines administrations.