Conséquence de l’annonce du chiffrement fort d’Apple se pose également la question de l’obsolescence tant du noyau que du mécanisme de chiffrement lui-même. De mémoire de gourou de la cryptanalyse, et à l’exception de l’inviolable « one time pad », il n’existe aucun système qui ne se casse avec le temps. C’est d’ailleurs sur ce principe que reposent les appels d’offres du NIST lorsque sont demandés à périodes régulières, et pour des longévités estimées, de nouveaux algorithmes destinés à la protection des communications de l’Administration Fédérale. La meute de SHA (de 0 à 3 couvrant les 21 dernières années) prouve qu’aussi perfectionnée soit-elle, une fonction de hachage finit toujours par trouver son maître. Si la résistance aux casseurs de code peut parfois prendre plus de 10 ans, la résistance de l’environnement logiciel lui-même rend généralement ces mesures de protection totalement inutiles. C’est la question que pose Graham Clueley sur le blog d’Intego : doit-on jeter les déjà « vieux » iphone 4 pour des raisons de sécurité ? Les constructeurs de téléphones portables ont besoin en permanence de cet oxygène financier que provoque un renouvellement de parc. De là à accélérer le phénomène en décidant d’arrêter le support des anciennes plateformes… ergo de les fragiliser, il n’y a qu’un pas. Ce que protège un algorithme de chiffrement encore inviolé, une montagne de bugs transversaux non corrigés sur certaines applications pourra en venir à bout. IOS, Android, Windows Mobile même combat. Passé 4 ans, le niveau de sécurité d’un téléphone ne vaut plus un kopek. Il en va de même pour les systèmes d’exploitation d’ordinateurs, sur une période généralement plus longue, d’environ 10 ans (record de longévité de Windows XP mis à part). La sécurité des systèmes d’information est l’enfant bâtard du marketing high-tech.