L’Arcep lance une consultation publique sur les « équipements auxiliaires sonores de conception de programmes et de radiodiffusion ». Soit, en termes plus simples, les micros sans fil utilisés notamment dans les studios TV, les salles de bal, les reportages radio-TV « sur le terrain » etc. Des équipements UHF d’une puissance 10 fois inférieure à celle d’une carte WiFi (10 mW).
Cette consultation est la conséquence d’une situation assez… embrouillée. Depuis que les « vieux canaux TV » (white spaces) ont été libérés par l’arrivée de la TNT, un jeu des chaises musicales a légèrement fait bouger les acteurs du domaine.
D’un côté les fabricants de microphones HF qui réclament de nouvelles allocations, une partie du spectre précédemment utilisé ayant « disparu ». De l’autre les professionnels du broadcast TNT qui déplorent le fait que quelques téléspectateurs ne pouvaient recevoir correctement leurs programmes.
Ce couplet du « ôtes-toi d’ma bande » fait d’ailleurs écho à une autre brouille, celle qui oppose les opérateurs 4G (dont un segment de bande tombe précisément dans le spectre UHF des 800 MHz) et les opérateurs TNT : les premiers accusant les seconds de perturber la bonne marche du réseau téléphonique cellulaire nouvelle génération. Le nombre de perturbations est estimé à quelques centaines de milliers à peine. Le découpage chirurgical et les susceptibilités financières de chacun (qui payera les solutions techniques antibrouillages) ne facilitent pas particulièrement le dialogue entre opérateurs, autorité de régulation et gouvernement.
Quel rapport, dira-t-on, avec les réseaux en général et la sécurité en particulier ? Les fameux « white spaces » bien sûr. Car Outre-Atlantique (ainsi qu’en Grande Bretagne), on s’intéresse de plus en plus à utiliser une partie de ces fréquences UHF délaissées par la vieille télévision analogique pour le fameux « super-Wifi », une version bas débit et longue distance des Wlan. Si la sauce prend dans les Amériques (région 3 régie par des recommandations UIT différentes de celles s’appliquant à l’Europe), il se pourrait bien que l’aventure WiFi recommence : importations « grises », montée en puissance de ces émetteurs qualifiés de « pirates » dans un premier temps, puis reconnaissance du « fait acquis ». Généralement, lorsque des appareils de la famille «bande ISM sans licence », à bas coût, sont vendus aux USA, ils finissent un jour ou l’autre par submerger le vieux continent. Cibistes, usagers des réseaux WiFi ont, par le passé, décroché leurs homologations « avec les dents ». Le Super-Wifi pourrait bien suivre un chemin analogue.
Notons que la règlementation imposée par la FCC aux USA oblige les appareils Super-Wifi à changer de bande lorsque la fréquence est déjà occupée par un émetteur plus officiel. C’est une caractéristique propre aux équipements radio utilisant un spectre avec « statut secondaire ». Hélas, les mécanismes semblables installés sur les points d’accès WiFi actuels prouvent que ces « gadgets » ne servent strictement à rien. Pour qu’un point d’accès accepte de changer de fréquence, il faut un niveau d’énergie généralement supérieur à -60dBm, les récepteurs en question étant généralement « sourds comme des pots ».