Le Prince Mohammed ben Nayef, Ministre de l’Intérieur Saoudien, aurait, nous apprennent quelques 39 000 coupures de presse en ligne échappé à un attentat-suicide. Jusque là, rien de très anormal dans le quotidien d’un grand commis de l’Etat. Madame Rachida Dati elle-même pourrait-elle siéger au Parlement Européen sans la protection de son garde du corps ? Les truands et malfaisants se retrouvent de partout.
Ce qui, en revanche, sort quelque peu de l’ordinaire, c’est la manière dont le terroriste a su franchir les cordons de sécurité avec ses explosifs, en cachant le matériel en question dans son fondement. Passons sur l’horreur d’une pareille décision et le conditionnement psychologique qui peut conduire une personne à commettre un tel acte. Les intégrismes religieux, de tous temps, ont montré combien ils s’accommodaient fort bien de ces contradictions liées à l’idée de respect de la vie. Le Prince-Ministre en a réchappé, le terroriste a fini ses jours « éparpillé façon puzzle » sous l’action de son suppositoire détonnant, sans gloire et sans résultat. Fermez le ban.
Le Sunday Time australien apporte toutefois à ce triste fait-divers un éclairage inattendu en posant la question suivante : comment vont réagir les compagnies aériennes ? Car il y va du chiffre d’affaires d’un certain nombre d’entreprises qui verront là, sans coup férir, matière à ajouter un point de contrôle vital à la liste déjà longue des procédures de « screening ». Parce que des cutters ont été utilisés par les terroristes des vols du 11 septembre, les couteaux (à bouts ronds et coupant très mal) fournis avec les repas sont bannis des avions. Parce qu’un certain Richard Reid a tenté de faire sauter un appareil avec un explosif caché dans ses chaussures, les briquets sont interdits de vol et les « spécialistes » du filtrage d’aéroport font se déchausser plusieurs millions de personnes par jour. Parce qu’il existe un risque –excessivement faible- de bombe chimique à base de liquide, les bouteilles d’eau, les crèmes de beauté sont strictement interdites à bord. Avec l’invention de ce combattant-suicide, on frémit à l’idée de ce que vont devenir les contrôles de sécurité aéroportuaires, dont le moindre serait l’administration obligatoire d’une dose de laxatif une heure avant de monter à bord.
C’est probablement le Homeland Security Watch qui détient une parcelle de vérité. En créant une brèche dans le système routinier de la fouille au corps, expliquent nos confrères, ce terroriste a probablement ouvert une voie royale à certains appareils jusqu’à présents recalés, tel les radars millimétriques qui dénudent littéralement les personnes passant dans son faisceau. A moins que l’on ne rende obligatoire l’échographie avant embarquement… il ne faut surtout pas sous-estimer l’imagination kafkaïenne des fonctionnaires du TSA ou du Iata.