Que l’on lance une requête « Gene Bransfield Wifi » sur n’importe quel moteur de recherche, et l’on tombe sur une multitude d’articles narrant comment un couple de chats (dont un superbe siamois « chocolate point ») a été utilisé pour conduire une campagne de Wardriving Wifi. Bransfield est ingénieur sécurité chez Tenacity. Avec une économie de moyens remarquable, il est parvenu à tirer à lui (et sur son entreprise) une couverture médiatique qui, en temps normal, aurait coûté une petite fortune en communiqués, attachées de presse, conférences et petits fours.
La recette est simple mais mérite que l’on s’y arrête.
Il faut tout d’abord dénicher un sujet qui passionne Internet de manière compulsive. Les chats, par exemple. Voilà qui garantit déjà 15% du trafic Twitter suivi d’un « like » et d’un « Retweet » par @EmergencyKitten.
La phase suivante consiste à dénicher un sujet anxiogène quelconque. Deux doigts de soupçon de fuite d’informations, un zeste de sans fil (c’est très « hype » le sans fil), un léger trait d’atteinte aux libertés individuelles. Va pour le Wardriving, pratique éculée, usée jusqu’à la corde, que même le pire des éditeurs d’antivirus n’ose plus mettre en avant dans ses plaquettes marketing. Qu’importe, le mignon minou va revigorer le procédé.
Enfin, il faut trouver un comité de lecture de « conférence infosec » pas trop exigeant. Ca existe.
Reste à mélanger les trois ingrédients en un « hack » simple à réaliser pour que tout le monde comprenne. Surtout les journalistes. Une batterie NiMH, une clef Wifi, un récepteur gps et de quoi loguer les SSID de l’un et les coordonnées de l’autre (un peu d’arduino et une mémoire spi par exemple). Il ne suffit plus que de lâcher le greffier dans la nature et attendre l’appel vespéral des croquettes pour récupérer ce sniffer à fourrure… s’il n’est pas passé sous une voiture, n’a pas été embarqué par la fourrière, n’a pas servi de repas à un renard, ni trouvé meilleure pitance ailleurs ou simplement rencontré une féline à son goût. En cas de malheur, trouver un autre chat et relancer la procédure. Et voilà plus de 13 000 hits Google engrangés.
En cas d’insuccès, changer l’un des ingrédients. Un autre animal domestique, par exemple. Le cycliste peut convenir , surtout si l’on a habitué le sujet à recevoir une dose d’EPO tous les soirs. Le drone (de l’espèce Dronus-dronus Volant) est également très prisé chez la gente geekesque et journalistique.
Techniquement parlant, cette « preuve de faisabilité » est très en deçà de ce qu’un modeste pratiquant du lâcher de ballon-sonde associé à un émetteur APRS est capable d’obtenir. Aucune mesure de pression, d’altitude, de température, pas d’émission des données en temps réel… non, ce qui est important, ce sont bien les mots « kitten » et « wardriving ».
Que suggérer de mieux, pour la DefCon 2015, que de décliner le sujet avec une série animalière d’attaque en DoS ou Evil Twin. Pour ce faire, il faut un peu de puissance sur 2400 et 5000 MHz, des batteries plus conséquentes, un routeur Wifi, un petit ordinateur et ses unités de stockage, éventuellement une caméra embarquée….et un Saint Bernard pour porter le tout. C’est sympathique et mignon, un Saint Bernard. Surtout si on n’a pas à le nourrir tous les jours. On peut également envisager la réception de signaux ADS-B durant un vol d’oies sauvages, le flicage des routes maritimes à dos de cachalot ou l’endoscopie optique intrusive via des larves de ténia …