Conséquences indirectes du succès du « voting village » de la DefCon, les voix en faveur d’un renforcement des contrôles du système électoral US se font entendre de plus en plus souvent.
C’est le NY Times qui ouvre le feu, avec un article au vitriol signé Kim Zetter. Tout y passe : omerta des fabricants de machine, opacité (ou absence) des systèmes de contrôle, collusion passive des partis de droite en faveur de l’automatisation du ballot, le tout reposant sur un passif de failles exploitables et un historique impressionnant d’attaques réellement constatées. Mais que faire pour y remédier ? S’interrogent tant les représentants des médias que les autorités. Le morcellement Fédéral, l’autonomie des circonscriptions, l’attitude viscéralement libérale et anti-centraliste de la société US a peu à peu fait croître un régime kafkaïen qui compte plus de 10 000 juridictions électorales sur l’ensemble du pays. Avec les incompatibilités et incohérences que cela implique, avec, insiste l’auteur, sur les failles à tous les niveaux que l’on découvre quotidiennement, que ce soit dans la gestion des bases de données des votants, des systèmes de vérification d’éligibilité, ou tout au long de la chaîne de collecte, de comptabilisation et de rapport des résultats, tous aussi fermés et opaques les uns que les autres. Et les quasi assurances de fraudes ou d’erreurs provoquées par ce système ne semblent pas émouvoir qui que ce soit.
Le Magasine Esquire, pourtant rarement porté sur les actualités High Tech, reprend de larges extraits du papier du NYT et titre « Fédéraliser le système électoral ». Une accroche qui plaide en faveur d’une tutelle des votes par l’Administration nationale, et donc l’élimination des 10 000 instances susmentionnées. Doit-on préciser que les vendeurs de machines à voter voient ce genre d’initiative d’un très mauvais œil, car elle impliquerait au moins un cahier des charges technique et un contrôle Fédéral des produits et services vendus.
Simultanément,ou presque, les Académies Nationales US des Sciences, de la Médecine et de l’Ingénierie viennent de publier un rapport intitulé « Sécuriser le vote, protéger la démocratie Américaine ». Rapport qui insiste, explique Steve Bellovin, sur des fondamentaux strictement identiques à ceux déjà énoncés dans le mémento de la DefCon : protéger les bases de données des votants, conservation des bulletins sous un forme humainement lisible (autrement dit avec une « trace papier »), garantir que tout recomptage doit être assuré par de véritables personnes, et non par des machines, et lancer le plus rapidement possible des audits de sécurité auprès de toutes les juridictions.
L’un des premiers, sinon le seul, argument en faveur du scrutin électronique est d’ordre économique. Si l’on doit y ajouter les coûts d’une véritable politique de sécurité et des normes à appliquer, les méthodes traditionnelles pourraient bien revenir en grâce. En France, « l’exemple Américain » si souvent invoqué pour justifier le recours à l’isoloir numérique pourrait faire long feu.