Un article du Laboratory Talk s’extasie sur les performances d’une diode à avalanche d’origine Toshiba. Il s’agit en fait d’une nouvelle génération de capteurs de photon unique utilisée pour émettre la « clef quantique » d’un réseau hautement sécurisé. Cette clef de chiffrement est émise, bit à bit, photon par photon, sur une fibre noire –les communications chiffrées utilisent une toute autre fibre-. Or, la sensibilité exigée pour ce composant est telle que cela se paye par un temps de réponse relativement long. Généralement, la fréquence horloge d’une diode à avalanche avoisine la dizaine de MégaHertz, ce qui, en fin de chaîne, offre un débit de clef de chiffrement ne dépassant pas la dizaine de kilobits par seconde. Impensable, dans ces conditions, d’acheminer de gros volumes de données avec une clef « one time pad »*…
Et c’est précisément sur ce défaut qu’ont travaillé les technologues de Toshiba et les chercheurs de l’Université de Cambridge. Les capteurs de photons seront désormais, assurent-ils, cadencés à plus d’un GigaHertz, laissant espérer un débit de clef quantique de 1 Mb/s sur courte distance (10 à 20 km), et près de 10 kb/s sur des liaisons relativement atténuées de 100 km.
Jusqu’à présent, le débit de l’étage QDK imposait soit une transmission des données à la vitesse de réception de la clef –à peu près la rapidité d’un modem analogique-, soit l’utilisation de séquences répétitives d’une même clef, renouvelées à périodes régulières en fonction de ce que permettait le débit du brin quantique… ce qui injecte dans le procédé une fragilité potentielle puisque présentant une séquence, donc un risque (très faible) de découverte de collision.
La section « publication » du Secoqc (Secure Communication based on Quantum Cryptography) regorge d’articles, certains techniques, d’autres parfaitement vulgarisés, qui expliquent par le détail les arcanes des réseaux quantiques. Saine lecture de Week-End.
* NdlC Note de la Correctrice : One time pad, OTP : clef à usage unique de longueur égale au texte à chiffrer, dont le résultat ne comporte, par construction, aucune séquence décelable. On accuse souvent les femmes de perdre leurs clefs. Je puis vous assurer que statistiquement, les informaticiens spécialistes du chiffrement les perdent plus souvent que nous …