Slashdot découvre avec émerveillement cette étude fort sérieuse conduite par quatre ingénieurs de Hewlett Packard. Etude portant sur l’art de transformer la bouse de vache en une énergie exploitable pour alimenter des Datacenters, et plus particulièrement pour alimenter les systèmes de cryogénie, gros consommateurs de courant électrique. 10 000 vaches peuvent alimenter 1000 serveurs, s’extasient les porteurs de b(l)ouses blanches. Soit un serveur pour 10 bovins capables de fournir, outre une copieuse production d’étrons, quantité de lait, de viande et de cuir à chaussures. De quoi ruminer quelques pensées productivistes à la gloire de l’EIAO (élevage intensif assisté par ordinateur).
La sacrosainte bouse et le méthane qu’elle dégage avait déjà provoqué la crainte de quelques observateurs du « trou dans la couche d’ozone » (on imagine l’état de ladite couche à l’époque des grands dinosaures). Voilà qu’elle soulève désormais, outre un fumet caractéristique, l’enthousiasme des informaticiens. Mais… car il y a toujours un « mais » dans les conclusions de telles études, la modélisation n’est pas parfaite. La transformation anaérobie n’est efficace « qu’en dessous du 40ème parallèle » précisent nos techno-éleveurs. Plus au nord, les chercheurs sont s(c)eptiques quant à l’efficacité du processus physico-chimique. Ajoutons (car l’équipe de Cnis toute entière voue un culte particulier aux bovins en général et aux races Tarine et Abondance en particulier) qu’une laitière de qualité ne livre ses bouses en un unique point fixe que durant la période d’hiver, lorsqu’elle est au licol, à l’étable. L’été, le bovin « emmontagne » en alpage ou part « en champ les vaches ». Et à moins que tout le personnel de HP Grenoble n’accepte de passer son temps à récupérer les bouses là où elles tombent, la production de méthane risque fort de chuter. Las, la science des vaches est parfois plus difficile à mettre en équation que les thermies dans un rapport de scientifique.
Sauf que les bovins qui passent l’été dans les alpages sont de rares privilégiés… la majorité de la viande vient d’élevages intensifs 😉