Entretenir ou non le culte du symbole … là est la question. C’est un 19 novembre 2008 qu’Edvige, le fichier informatisé des RG et de la DST raboutés, était bouté hors des lois après 5 mois d’existence. Précédent unique dans l’histoire de France, où les textes trépassent généralement d’une crise d’amnésie, rarement d’une attaque par abrogation immédiate.
11 mois plus tard, Edvige2 renaît de ses scories. Par le plus grand des hasards, dans un document daté du 16 du mois, jour de la Sainte Edvige. Seuls quelques rares paranoïaques et gauchistes soixantuitards sur le retour y verront une forme quelconque de provocation. Plutôt que de réunir les deux fichiers mêlant petits cousins de Carlos, journalistes, Préfets, bombes humaines, syndicalistes, espions, prétendants Ministres, agissants Sinistres et autres calamités, il y aura désormais deux bases de données* : une pour les franchement méchants de 13 ans et plus, l’autre pour les « personnes exerçant des activités sensibles » de 16 ans et plus. 16 ans, car à cet âge l’on peut envisager de passer l’examen de « jsp », Jeune Sapeur Pompier, motif nécessaire et suffisant pour mériter le droit d’une enquête de moralité. Après tout, rêver, à 16 ans passé, de sauver des vies, c’est nécessairement suspect.
Le premier des deux fichiers –celui qui traite d’antiterroriste et de violences urbaines- ne comporte heureusement plus aucune mention relative aux comportements sexuels des intéressés. Il se contente de détailler tout ce qui peut concerner les origines ethniques, les convictions religieuses, philosophiques ou syndicales du quidam enregistré, voir les relations que ledit quidam subséquemment nommé pourrait avoir avec des individus suspects. Ce fichier comporte également des données communes à d’autres bases, notamment celles des immatriculations, de l’identité nationale ou du « sommier ».
Les deux bases de données policières ont reçu l’aval des différentes organisations de régulation, et notamment de la CNIL.
* NdlC, Note de la Correctrice : au masculin-pluriel. Nos braves pandores étant incorruptibles, il est grammaticalement et sémiologiquement plus approprié de parler de « base de donnés » plutôt que de « base de vendus ». Car pour que des personnes se trouvent ainsi fichées, c’est qu’elles ont bel et bien été dénoncées à nos vaillants services de police, non ?
1 commentaire