Un autre épisode de la guerre des ondes nous est raconté cette semaine par la CIA, dans une série d’articles récemment déclassifiés à lire comme un roman d’espionnage. Au lendemain de la guerre, les soviétiques décident de remplacer peu à peu leur réseau télécomm militaire en Allemagne de l’Est, essentiellement constitué d’émetteurs radio, par un maillage terrestre, aérien et sous-terrain. Ces câbles acheminaient les communications téléphoniques en clair des forces armées, ainsi que les transmissions telex (tty) chiffrées. Les services de renseignements américano-britanniques décident alors de creuser un tunnel dans la région de Berlin, pour poser des « bretelles » et installer un centre d’écoute. Le récit factuel de la CIA, les souvenirs de l’ingénieur responsable du projet, l’ensemble des articles éclairant les plus grandes heures de la guerre secrète derrière la guerre froide sont à lire sur le site de l’Agence Gouvernementale.
Le bilan de cette bataille n’est pas très clair. Les Russes étaient au courant du projet bien avant que le tunnel ait été percé, grâce Georges Blake, l’une des nombreuses taupes pro-soviétiques qui ont infesté le MI6 et la CIA durant des décennies (Philby, Burgess, Ames, Hanssen et tant d’autres). C’est précisément pour protéger la couverture de Blake que les Russes se « laisseront espionner ». Mais plus qu’un semi-échec, cette opération –et la minutie technique avec laquelle elle a été conduite – est un épisode témoin du formidable outil d’espionnage de toutes les voies de communication par l’alliance BrUSA (Britain USA), qui deviendra plus tard UKUSA et dont le principal enfant s’appellera Echelon.