Trend Micro UK vient de publier une étude tapageuse qui a eu le bonheur de passer dans la presse du Royaume-Uni sans beaucoup de recul ni d’analyse : sur 500 « jeunes » Britanniques de 12 à 18 ans, 10 % d’entre eux estiment que c’est « cool et amusant » d’usurper l’identité d’une personne en ligne. Un tiers des sondés aurait été tenté de hacker un compte ou un système pour de l’argent, et 40% avouent avoir « emprunté » le profil d’une personne pour en lire les emails, les détails d’un relevé bancaire ou les informations fournies dans un compte de réseau social. De ces indélicatesses, la presse grand public en tire des titres plutôt tapageurs : « 40% des ados ont déjà piraté » titre Métro. Security Portal ne fait guère mieux, tandis que Dark Reading s’intéresse plus à la tentation d’espionnage et IT Director sur l’appât du gain. Un alarmisme tel qu’il ferait changer de trottoir à tout adulte croisant un groupe d’élèves en maraude, avec ou sans uniforme. Et n’allons pas croire à l’innocence des jeunes filles ignorant tout du mal et des perversions de cet univers machiste et boutonneux qu’est l’informatique. Car si l’on compte deux fois plus de garçons que de filles capables de voler l’identité d’un petit camarade pour pénétrer les secrets de son réseau social, les demoiselles sont trois fois plus nombreuses que les boys lorsqu’il s’agit d’utiliser frauduleusement les crédences d’une personne afin d’accéder à un site de vente ou à une banque en ligne. On frémit à l’idée de voir près de la moitié des Lolita d’Angleterre jouer du keylogger et du spear phishing pour dévaliser Harrod’s Online en fredonnant « Living in a material world/ And I am a material girl ». Les médias les plus objectifs achèvent leur « couper-coller » d’article par la phrase « Buy Trend Micro internet security 2009. The latest software has enhanced parental controls. »
Dans une Grande-Bretagne bouleversée par une vague de fond sécuritaire à la limite de la paranoïa, face à une technologie de moins en moins comprise tant par les parents que par les politiques, cette forme de sensationnalisme et d’amalgames inconsidérés parvient à faire passer nos chères têtes blondes pour des émules hybrides de Bruce Reynolds) et des < i> Coucous de Midwich ). Les bêtises de potaches et facéties de collégiens commises à coup de pages Facebook prennent l’apparence d’un nouveau casse du siècle. Ce n’est pourtant pas par la stigmatisation et la suspicion que l’on parvient à établir des relations de confiance entre parents et enfants. Mais tout çà aide peut-être à redorer le blason des éditeurs d’antivirus.