VMWare vient d’annoncer la gratuité de son ESX, version « serveur » de son hyperviseur. Le concurrent d’HyperV vient ainsi de gommer l’un des derniers points qui aurait pu faire pencher la balance en faveur de Microsoft.
Ce n’est là qu’une demi-surprise. Au début de ce mois, la patronne de VMWare est remplacée par Paul Maritz, un nom connu du côté de Redmond, puisqu’il y fut Président du « Platforms Strategy and Developer Group ». Maritz était très proche du triumvirat directorial de MS, et connaît donc viscéralement les moyens techniques et tactiques pour guerroyer contre son ancien camp.
Cette action pourrait être également interprétée comme un renvoi de fond de court après la série d’annonces faite par Microsoft et ses partenaires sur le front des VM : adoption du format OVF chez Citrix (voir Communautech du 21/07 ), lancement de Virtual Machine Manager 2008 ( idem )… chaque semaine qui passe voit fleurir une annonce qui semble inspirée des anciens faits d’arme de VMWare.
A ce train-là , quelque soit l’avance technique d’EMC en la matière, Microsoft risque de gagner la guerre des communiqués puis, par contrecoup, celle des ventes. Avec un HyperV « intégré », la Windows Company nous rejoue le grand air du « concurrent fair play, pas adversaire » qu’il avait interprété devant les usagers de Netware, puis les administrateurs OS/2 Lan Server, les éditeurs de tableurs « indétrônables » (Lotus 123) ou de traitements de texte universels (Wordstar)… Si l’on peut reprocher à Microsoft de parfois faillir dans le rôle de « premier de la classe », notamment sur le créneau des systèmes d’exploitation, on ne doit surtout pas oublier son incroyable esprit combatif et sa tactique imparable lorsqu’il se retrouve dans la position du petit challenger fraîchement débarqué. Tout commence par un rachat, une intégration timide et imparfaite, suivie d’un positionnement des pièces mineures sur l’échiquier de la concurrence. Lorsque les cavaliers, les fous et les tours commencent à se déplacer, il est déjà trop tard. Le seul rescapé connu à ce petit jeu de l’encerclement s’appelle Citrix…
… et il semblerait que le second pourrait bien être VMWare, grâce à la réactivité de Maritz. Encore faut-il que les actions de la nouvelle direction ne soit pas battues en brèche par la morgue et le sentiment d’absolue supériorité des commerciaux de l’entreprise. C’est ce qui a tué Lotus, c’est ce qui a empoisonné Novell, c’est ce qui pourrait mettre à mal EMC.