L’actualité parfois n’a aucun rapport avec une fuite massive de données des serveurs d’une grande chaîne de distribution ou avec un super correctif logiciel sauvant l’informatique occidentale d’une horde de virus étrangers. Non. Les médias, la semaine passée, se sont enflammés pour deux énormes canulars. Le premier des deux, singeant le lettrage et les publicités Apple, dévoilait tout sur une nouvelle « technologie « Wave » propre au tout nouvel IOS8 : le chargement des batteries du téléphone par microonde ». Fausse réclame, faux accident déclarés par de faux crédules.
Le second attrape-nigaud a été lancé par un journal satirique connu, le National Report, un proche cousin du regretté National Lampoon, en plus « politiquement correct ». Selon ce noble organe de presse, Facebook envisagerait de facturer les pages de ses abonnés 3$ par Mo de données, et ce à partir du 1er novembre. Et l’auteur de l’article de recueillir les protestations indignées du groupe Chrétien anti-masturbatoire (sic). Là, en revanche, quelques âmes sensibles ont lu l’information au premier degré et se sont inquiétées, sur Twitter notamment.
Voilà qui n’est pas sans rappeler, en pleine bulle NTIC des années 2000, le lancement de Jesux, une distribution Linux christique qui souleva un raz de marée médiatique.
Dans tous ces cas, les techniques sont comparables : associer une notion plus ou moins technique avec un outil à la mode. Le dernier téléphone mobile et le chargement sans fil (qui, précisons au passage, ne pourrait en aucun cas dépendre d’IOS8, un logiciel, mais d’un capteur inductif, du matériel), ou un réseau social en vue et la notion de microfacturation, sorte de monstre du loch-ness qui apparaît à périodes régulières dans le monde internet.
Peut-on rire de la crédulité des personnes qui se seraient laissées prendre ? Pas plus que l’on ne peut s’amuser des victimes d’une campagne de phishing, laquelle exploite strictement les mêmes ficelles psychologiques. Pas plus que l’on ne peut se gausser des clients de services totalement utopiques. Ainsi les entreprises qui garantissent (moyennant facturation) un véritable anonymat sur Internet, ou ce tout nouveau service protégé par Tor, le routeur chiffré, que nous décrit Joseph Cox, de Motherboard. Une sorte de cyber-sécurité d’homme-mort qui garantit la publication sur Internet de tout document en cas de décès de son auteur-wanabe-snowden.
Qui se cache derrière un tel service ? Nul ne sait. Détail paradoxal pour un tiers de confiance. Quelles sont les infrastructures en place et les mécanismes de préservation de l’information ? Mystère. Ajoutons que le fait d’annoncer qu’une personne a confié à ce service des documents sensibles pourrait bien déclencher une sinistre chasse à l’homme histoire de précipiter la parution des révélations.